Les comédies populaires françaises des années 1960-1970 : conceptions, imaginaires, mémoires
Auteur / Autrice : | Adrien Valgalier |
Direction : | Pietsie Feenstra |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | ARTS spécialité Etudes cinématographiques et audiovisuel |
Date : | Soutenance le 05/12/2023 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Représenter inventer la réalité du romantisme au XXIe siècle (Montpellier) - Représenter- Inventer la Réalité du Romantisme à l'Aube du XXIe siècle / RIRRA 21 |
Jury : | Président / Présidente : Christian Rolot |
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Boulangé, Dimitri Vezyroglou | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Le Forestier, Raphaëlle Moine |
Mots clés
Résumé
Cette thèse propose une histoire culturelle des comédies populaires françaises des années 1960-1970. En repensant le cinéma comme une production culturelle collective et une pratique sociale, ces films sont envisagés dans une perspective environnementaliste comme des objets socialement et culturellement construits.Dans la première partie, ces comédies sont repensées à l’aune des mutations de l’industrie cinématographique durant ces deux décennies et envisagées comme des émanations d’une plus large culture du rire en France. En ce sens, l’ambition est moins de comprendre un objet particulier que de décrire le réseau au sein duquel il circule et qui contribue à lui assigner une fonction. Les comédies les plus populaires de ces deux décennies sont à la fois le résultat de processus de production adaptés aux dispositions du marché cinématographique et la source de questionnements sur le devenir de la filière. Sur un plan culturel, elles agrègent et reformulent des expressions comiques et humoristiques développées sur les scènes théâtrales à la même période. Elles marquent également, par leurs liens avec d’autres genres cinématographiques, leur intégration dans un réseau de références culturelles larges, à travers lequel elles ouvrent un propos sur la modernité.La deuxième partie est consacrée à l’étude des représentions de la société française des années 1960-1970. Bien loin d’être un décalque du réel, ces films sont un lieu d’expression privilégié de l’imaginaire social. Ils médiatisent à travers la fiction les peurs, les doutes, les espoirs d’une société et en révèlent le plus souvent les ambiguïtés. Trois axes dominent dans les comédies étudiées, correspondant chacun à des évolutions notables de la société française durant ces deux décennies : les transformations socio-économiques, la question des mœurs et la diversité sociale. À travers les représentations dans ces comédies de certains changements très concrets qui surviennent dans ces deux décennies se dessine une multiplicité de rapports face aux mutations socio-économiques et culturelles de la société française. Ce regard complexe, parfois équivoque, est dominé par le souci de l’adaptation : comment se conformer et s’acclimater à la nouveauté tout en conservant ses attaches à des modèles plus anciens ?Après cette analyse du dialogue que ces comédies engagent avec la société française de leur époque, la troisième et dernière partie s’intéresse à la manière dont elles sont investies culturellement. Il s’agit toujours de considérer ces films en circulation et en relation. Cette partie envisage les comédies comme un lieu de redéfinition de la société via son histoire récente. En explorant le passé, et tout particulièrement la Seconde Guerre mondiale, certaines comédies s’affirment non pas comme des réécritures de l’histoire mais comme des réactions à l’écriture (plus encore à la représentation) de l’histoire. En exhibant plus ou moins directement les modalités qui président à la représentation historique, ces comédies à dimension historique interrogent ouvertement la position d’une société vis-à-vis de son passé. Cet engagement culturel et mémoriel autour de ces films est complété enfin par une enquête sur les espaces de diffusion contemporains et les éléments de discours qui achèvent d’allouer à ces comédies une valeur symbolique. En considérant ces comédies dans leurs pratiques et leurs réappropriations actuelles, en relevant les projections culturelles, identitaires et symboliques qui passent à travers elles, nous nous demanderons si elles participent à l’édification d’un commun en étant les supports d’une mémoire partagée.