Les cultes de la Philia et de l’Erôs dans la philosophie antique, examen des pratiques initiatiques de Pythagore, Socrate et Épicure
Auteur / Autrice : | Pierre-Michel Martinez |
Direction : | Jean-Luc Périllié |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 09/12/2023 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier) - Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences humaines et Sociales de Montpellier / CRISES |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Jouët-Pastré |
Examinateurs / Examinatrices : Renée Koch Piettre | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Noël, Michele Corradi |
Résumé
Faire de la philosophie ce n’est pas seulement produire un discours, c’est également s’inscrire dans un bios, dont Platon fera l’éloge en présentant celui de Pythagore, lequel s’oppose, selon lui, à Homère, poète n’ayant pas proposé de genre de vie à caractère éthique. En plus de produire des discours, être philosophe revient à agir dans le sens de certains préceptes reliés à un courant pensée, et comme c’est souvent le cas durant l’antiquité, à faire partie d’une communauté philosophique. À ce sujet, un certain nombre de textes de l’histoire de la philosophie font ressortir une donnée qui ne nous semble pas avoir été suffisamment étudiée : celle de la puissance déterminante des pratiques initiatiques et des cultes reliés à la philia ou à l’erôs au sein de certaines communautés philosophiques. D’une manière générale, faire de la philosophie dans l’Antiquité, c’est se situer dans une culture où les implications religieuses, spirituelles, mystériques sont extrêmement présentes. Face à cela, le philosophe se voit offrir deux types de voies, dont on peut penser qu’elles ont un caractère paradigmatique. Soit, dans un mouvement que nous qualifions d’ “anthropologique” (nous nommons ainsi, l’idée selon laquelle la connaissance humaine provient exclusivement du travail de l’humain lui-même), dans un processus de laïcisation de la pensée, nous assistons à une recherche poussée de l’autonomie de l’esprit humain. Cela donnera des courants de pensée comme : celui des sophistes, des historiens, de la médecine hippocratique, de certains naturalistes… Dans cette perspective, l’amitié ne se limite qu’à une collaboration ou une solidarité humaine, sous divers modes (les modèles familiaux, militaires ou civiques) ; l’erôs n’est souvent qu’un faux-semblant, voire une prédation, comme chez le sophiste Lysias. Soit, dans un mouvement qui relie les dieux aux humains, que nous qualifions d’ “inspiré” se développe l’idée socratique qu’ « il y a des chances pour que le vrai savant ce soit le dieu (…). Le savoir que possède l’homme présente peu de valeur, et peut-être même aucune » (Platon, Apologie de Socrate, 23a). Dans ce cas, le philosophe part du principe que les dieux sont la mesure de toutes choses, la source du vrai savoir et de la philia authentique. L’amitié est alors le lien cosmique (harmonia, eidôla) qui émane du divin, l’erôs une médiation en vue du « plus grand bonheur » (eutuchia tè megistè) pour les hommes, en tant qu’il provient des dieux (para theôn). Ces deux praxeis exigent, par conséquent, non seulement un bios spécifique mais un mustèrion, un culte initiatique en bonne et due forme, pour être pleinement accomplies. La phraséologie des mystères perceptible dans les textes pythagoriciens, socratiques, platoniciens et épicuriens ne serait pas seulement décorative ou métaphorique, mais existentielle.