Schizophrénie et fatigue : études exploratoires de ses liens avec la symptomatologie psychotique, le catastrophisme de la fatigue, et l'activité physique
Auteur / Autrice : | Yasmine Laraki |
Direction : | Stéphane Raffard, Delphine Capdevielle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | PSYCHOLOGIE spécialité Neuropsychologie et psychopathologie |
Date : | Soutenance le 10/11/2023 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Epsylon (Montpellier) - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé / EPSYLON |
Jury : | Président / Présidente : Fabrice Berna |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Bayard, Guillaume Broc, Emmanuel Mulin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Tania Lecomte, Catherine Bortolon |
Mots clés
Résumé
L'impact conséquent de la fatigue pathologique est étudié et reconnu depuis longtemps dans les maladies somatiques et certaines maladies psychiatriques telles que la dépression. Cependant, très peu de recherches ont porté sur la fatigue chez les personnes atteintes de schizophrénie, malgré des données préliminaires suggérant sa prévalence importante dans cette population. Il existe des preuve solides dans littérature scientifique que la fatigue est par nature un phénomène multidimensionnel comprenant des dimensions cognitives, émotionnelles et physiques et qu’elle contribuerait à aggraver la symptomatologie préexistante des maladies somatiques et des troubles mentaux. Globalement, l'objectif de ce travail doctoral était d'examiner, par le biais d'études exploratoires, différents corrélats de la fatigue dans une population d'individus ayant un diagnostic de schizophrénie. Les études réalisées dans le cadre de ce travail sont les suivantes : 1) une validation psychométrique d'un outil de référence pour mesurer les symptômes négatifs ; 2) une exploration de l'impact de la fatigue et de ses associations avec les symptômes négatifs et la dépression; 3) une investigation de l’influence de distorsions cognitives spécifiques (i.e. catastrophisme) par la validation et l’adaptation de l’échelle du catastrophisme de la fatigue chez des adultes non cliniques, ainsi que son utilité clinique auprès d’un échantillon de personnes atteintes de maladies somatiques (cancer du sein) et psychiatriques (schizophrénie); et 4) une étude des mesures de l'activité physique, à l'aide d'accéléromètres, et de son lien avec la fatigue auto-évaluée dans un échantillon de personnes avec un diagnostic de schizophrénie par rapport à un groupe contrôle apparié. Au total, 119 personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie, 58 femmes atteintes d'un cancer du sein et 422 témoins non cliniques ont participé à ces études. Nos études indiquent que : 1) la fatigue est un phénomène fréquent chez les personnes atteintes de schizophrénie, 2) la dépression et les symptômes négatifs sont étroitement liés aux mesures auto-rapportées de la fatigue, 3) le catastrophisme de la fatigue est une caractéristique centrale dans la conceptualisation de la fatigue et que 4) les mesures objectives de l'inactivité ne sont pas directement liées à la sévérité de la fatigue auto-déclarée. Outre le fait que la fatigue soit transdiagnostique, nous établissons des parallèles avec d'autres variables communément observées qui, selon la littérature, sont primordiales dans notre conceptualisation de la fatigue dans d'autres pathologies chroniques (y compris les pensées négatives répétitives, la dépression et les dysfonctionnements du sommeil). Dans l'ensemble, nos résultats soutiennent fortement le besoin d’explorer davantage les symptômes de la fatigue et ses déterminants psychologiques chez les personnes atteintes de schizophrénie. Enfin, nous discutons des limites des mesures existantes de la fatigue et de la nécessité de développer et d’évaluer l’impact d’interventions psychologiques et notamment cognitivo-comportementales sur la fatigue pour cette population.