Thèse soutenue

L’influence du phalangisme sur les élites politiques colombiennes : du crépuscule démocratique au tournant autoritaire (1930-1958).

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Auteur / Autrice : Sebastian Acevedo Ojeda
Direction : Florence BelmonteFrançoise Martinez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes romanes spécialité Etudes hispaniques et hispano-américaines
Date : Soutenance le 19/06/2023
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Recherches sur les suds et les orients (Montpellier) - Recherches sur les Suds et les Orients / ReSO
Jury : Président / Présidente : David Marcilhacy
Examinateurs / Examinatrices : Iván Olaya
Rapporteurs / Rapporteuses : Enrique Fernández-Domingo, Manuelle Peloille

Résumé

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Durant les années trente, sous la République libérale, la Colombie semble amorcer le chemin démocratique, comme le prouvent la consécration du suffrage universelle ; l’instauration de la carte d’identité pour voter ; l’implantation de la neutralité de l’armée ; la modernisation du processus électoral ; et la participation et la politisation des masses. Cela dit, dans les années quarante et cinquante, le pays sombre dans l’exercice de pratiques répressives et violentes desquelles découlera l’instauration de plusieurs régimes autoritaires qui se succèdent durant les années cinquante. Une question surgit alors : quels sont les évènements survenus entre les années trente et cinquante qui puissent expliquer le tournant autoritaire de la vie politique colombienne?Rapidement, la recherche et l’analyse de sources diverses -archives diplomatiques colombiennes et espagnoles ; presse de l’époque ; annales du congrès colombien ; discours et correspondances privées des protagonistes de l’époque- révèlent une possible explication par la tentation phalangiste, c'est-à-dire l’influence et la propagation des idées du phalangisme espagnol durant les années trente et quarante, surtout à partir de la guerre civil espagnole, qui suscitera une véritable obsession médiatique des élites politiques, contribuant à la polarisation croissante du panorama politique colombien.En effet, le phalangisme qui lutta au côté du camp national sortit renforcé de la guerre civile espagnole et ne tarda pas à attirer l’attention des droites colombiennes qui étaient à la recherche d’un modèle politique et idéologique rénovateur pour faire face à leur perte d’influence et de pouvoir dans le contexte colombien. C’est pourquoi ils trouvèrent dans le mouvement phalangiste une idéologie complète (syndicalisme vertical, coopérativisme, démocratie organique, esthétisation de la politique, apologie de la violence régénératrice et de l’action directe, exaltation du passé catholique et impérial hispanique, nationalisation des masses) comme alternative et troisième voie au capitalisme mis à mal par la crise de 1929 et par le communisme qui se propageait a vive allure au sein des classes populaires latino-américaines. Dès lors, le phalangisme espagnol qui surplombait la coalition réactionnaire soutenant la dictature franquiste exerça en Colombie une influence multidimensionnelle décisive : du point de vue idéologique, diplomatique, politique, religieux et culturel. Il devint ainsi un allié de poids des élites politiques colombiennes pour saborder et abattre les expériences démocratique du réformisme social incarné par la «Révolution en Marche» de Alfonso Lopez Pumarejo et de la démocratie sociale de Jorge Eliécer Gaitan, qui partageait toutes deux une certaines popularité en dominant le panorama politique démocratique par la voie électorale.C’est pour cela que dans cette thèse, nous proposons de démontrer le «nexus causal», compris comme un lien de causalité ni rigide ni mono causal, entre l’imprégnation de l’influence phalangiste et le virage autoritaire et répressif des années quarante et cinquante. Dans cette optique, les régimes autoritaires colombiens qui se succèdent dans les années cinquante ne seraient que la mise en pratique des idées phalangistes après leur adaptation à la singularité colombienne. Ce phénomène toucha la vie politique colombienne en déclenchant une spirale de la violence multiforme que fera souffrir la Colombie durant la seconde moitié du XXe siècle.