Éthique et mathesis : la question du salut sous le règne de la mathesis universalis. De Descartes à Spinoza, les coordonnées cachées de la modernité
Auteur / Autrice : | Guillaume Delean |
Direction : | Bruno Pinchard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie mention histoire de la philosophie |
Date : | Soutenance le 21/06/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches philosophiques de Lyon |
Jury : | Président / Présidente : Pierre-François Moreau |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-François Moreau, David Rabouin, Sophie Roux, Didier Ottaviani, Alexandra Roux | |
Rapporteur / Rapporteuse : David Rabouin, Sophie Roux |
Résumé
La mathesis universalis occupe une place singulière dans le développement du cartésianisme et, à travers lui, dans le mouvement des idées modernes, notamment grâce à sa réception heideggérienne, qui a contribué à lui conférer un rôle central dans la constitution du projet métaphysique et à y discerner la racine conjointe de la science et de la technique. Il est néanmoins nécessaire, au-delà de cette approche générique « monumentale », selon le mot de D. Rabouin, d’en circonscrire l’identité conceptuelle et, en évitant les écueils qui entourent sa réception, d’identifier les choix fondateurs présidant à la radicalité de cette entreprise. En retraçant le parcours qui conduit Descartes de la sortie de La Flèche aux années 1628-1629 et à la rédaction des Regulae ad directionem ingenii, nous montrons que la mathesis est d’abord une pratique engageant l’imagination ouvrant à une ontologie inédite que nous identifions à une forme d’anarchisme mathésique. Le recouvrement, voire le refoulement, de cette disposition dès 1630, avec la théorie des vérités éternelles, puis dans le Discours de la méthode, avec l’introduction de la figure du doute fondationnel, conduit Descartes à échouer dans son projet de penser une véritable éthique mathésique et engage la modernité dans la voie de la volonté de puissance, voire de la volonté de volonté avec les apories du nihilisme qui s’y associent. L’effort de Spinoza se présente alors comme une tentative conséquente de résoudre les tensions nées d’une telle disposition du savoir et un engagement total dans ses conséquences ontologiques, anthropologiques, logiques et épistémologiques, en vue de penser une éthique pour les temps mathésiques. Ce parcours des Regulae ad directionem ingenii à l’Ethique nous permet ainsi de situer le cartésianisme de Spinoza comme l’exploration d’un impensé de Descartes et d’ouvrir à une compréhension de l’Ethique comme vérité de la Mathesis Universalis.