Thèse soutenue

De l'académisme à la mnémopicturalité : les tableaux vivants photographiques et les albums de photocollages de l'ère victorienne en Grande-Bretagne

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Auteur / Autrice : Gwendoline Koudinoff
Direction : Lawrence Gasquet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations du monde anglophone
Date : Soutenance le 18/04/2023
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'études transtextuelles et transculturelles. Lyon
Jury : Président / Présidente : Béatrice Laurent
Examinateurs / Examinatrices : Béatrice Laurent, Laurent Châtel, Anne Béchard-Léauté, Paul Edwards, Jean Kempf
Rapporteur / Rapporteuse : Béatrice Laurent, Laurent Châtel

Résumé

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La présente thèse vise à mettre en lumière la pratique des tableaux vivants à partir de l’invention de la photographie en 1839 jusqu’aux années 1870 en Grande-Bretagne. C’est en Angleterre, en Écosse mais aussi au Pays de Galles victoriens que les artistes photographes, alors devenus adeptes de procédés optiques et chimiques, tentent d’inscrire une praxis des tableaux vivants dans un académisme pictural formel, malgré les dissonances visuelles qui peuvent résulter de cette ambition esthétique. À la fois produit de l’art et de la science, le tableau vivant photographique s’impose comme un mélange interdisciplinaire entre théâtre, peinture et sculpture. Cette intermédialité entre des disciplines normalement compartimentées fait du tableau vivant une image-symptôme dont la trace visuelle peut perdurer depuis l’invention de la photographie jusqu’à nos jours. La performance d’un tableau vivant sur la scène de théâtre avant cela le réduisait au statut d’œuvre éphémère. La photographie perturbe ainsi les conventions artistiques au point de faire subir au tableau vivant une évolution radicale : au départ, il prend notamment la forme du photomontage pour ensuite se muer en une composition plus affirmée que l’on peut qualifier de photocollage avant l’heure. En plus de leur exposition dans les salles de musées, les tableaux vivants s’introduisent dans l’intimité des albums photographiques familiaux. Ce glissement libère ainsi une créativité qui aboutit pendant l’ère victorienne à cette réalisation de photocollages. Des portraits photographiques sont toujours mis en scène à la manière d’un tableau vivant mais cette fois-ci à grand renfort de ciseaux et de colle sur la surface peinte d’une page d’album. Cette antériorité esthétique des photocollages victoriens anticipe les collages cubistes du XXe siècle. L’image-symptôme se double par conséquent d’un anachronisme qui permet de repenser la place accordée au tableau vivant par l’histoire de l’art. Ce sont ces mêmes paradoxes esthétiques qui offrent au créateur et au spectateur du tableau vivant une expérience heuristique aussi divertissante qu’intellectuelle.