Se mobiliser au nom du féminicide : Généalogie d'une résistance à la violence patriarcale, México (1997-2018)
Auteur / Autrice : | Marylène Lapalus |
Direction : | Laurence Tain |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie Anthropologie |
Date : | Soutenance le 01/12/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Ionela Băluţă |
Examinateurs / Examinatrices : Yannick Chevalier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marie-France Labrecque, David Paternotte |
Résumé
Comment, au nom du féminicide, émergent, se déplacent et se transforment les espaces de résistance contre la violence masculine dans la capitale du Mexique entre 1997 et 2018 ? Cette thèse répond à cette question en s’appuyant sur l’analyse de sources multiples : archives,discours définitionnels, matériel militant, entretiens, observations participantes et non participantes. Ce travail met en lumière l’apport des acteur.es et des féministes mexicain.es à l’élaboration du concept de féminicide, à l’évolution de sa charge critique ainsi qu’aux stratégies de résistance à la violence patriarcale. La démarche adoptée est généalogique au sens où elle consiste à analyser une séquence temporelle délimitée par l'irruption d'un néologisme et marquée par les usages discursifs et pratiques d'un concept. Trois périodes ont été identifiées pour suivre l’évolution des espaces de résistance : une phase d’émergence, une phase d’institutionnalisation et une phase de recomposition. La problématique est abordée selon quatre axes : les configurations évènementielles et discursives, les expériences et les modalités d’action des acteur.es, les enjeux liés au genre et les manières de faire justice.Ce travail montre que les espaces de résistance ont travaillé à définir le concept de féminicide d’abord comme une question frontalière dans le contexte des assassinats de femmes à CiudadJuárez. L’extension proposée par la notion de violence féminicide a cependant permis d’inclure progressivement à la problématique d’autres formes de violence que les assassinats et de penser l’existence de la violence féminicide partout dans le pays, y compris dans la capitale. Si la mise en commun du tort a d’abord eu lieu sur le versant de l’obligation morale vis-à-vis des femmes victimes de la frontière nord, la promotion du néologisme féminicide a permis de déconstruire les explications essentialisantes de la violence contre les femmes, de déterminer un changement de perspective dans le traitement de la violence létale de genre qui est devenu un problème public puis un champ d’expertise et enfin d’accompagner le renouvellement des modalités de mobilisation. Par ailleurs, la visibilisation du féminicide aux portes de la capitale à partir de2011, puis au sein de la ville, a permis de mettre en évidence l’articulation du genre avec d’autres contextes d’oppression comme la classe, l’âge, l’ethnie et la sexualité dans les motifs de la violence masculine. Enfin, dix ans après l’entrée du féminicide dans les codes pénaux du Mexique, un constat d’impuissance et de colère est devenu le terreau d’une nouvelle manière d’obtenir réparation de la part des coupables et de l’État féminicide : la résistance vindicatoire.