Le sentiment d’héritier : Approche communicationnelle de la filiation patrimoniale à Noyant d’Allier, ancien Centre d’Accueil des Français d’Indochine.
Auteur / Autrice : | Marie Hamid |
Direction : | Julia Bonaccorsi, Camille Jutant |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance le 14/12/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Éducation, psychologie, information et communication (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Equipe de recherche de Lyon en sciences de l'Information et COmmunication (Lyon) |
Jury : | Président / Présidente : Isabelle Garcin-Marrou |
Examinateurs / Examinatrices : Jason Luckerhoff, Jean Davallon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Tardy, Jacques Walter |
Résumé
La commune de Noyant d’Allier, ancien Centre d’Accueil des Français d’Indochine où une partie de la population rapatriée s’est installée définitivement à la suite de la guerre d’Indochine, met en perspective la tension existante entre un devoir de mémoire (d’un passé colonial et ses effets de sens sur ses ressortissants) ; et un investissement dans une vie locale, lié à un sentiment d’appartenance au territoire et à l’inscription dans sa filiation. Dans un cas comme dans l’autre, ce qui informe la prise de position et les pratiques, est ce sentiment d’être héritier et d’avoir hérité, soit d’avoir une responsabilité vis-à-vis de celles et ceux qui ont donné ; en d’autres termes, un sentiment de devoir préserver, valoriser et mettre en partage à son tour cet héritage. Ce cas ordinaire met en relief la dialectique passé/présent qui tient chaque société et qui est motrice dans sa production. Il rend compte de la pluralité de filiations dans lesquelles s’inscrivent les individus saisis par ce « sentiment d’héritier ». Il donne à observer la manière dont se renouvelle un territoire pris par ces différentes logiques filiales. C’est donc au prisme de ce sentiment d’héritier que ce travail se propose d’analyser la manière dont se reproduit la société dans ce mouvement allant du présent vers le passé et du passé vers le futur. Ce rapport de sens au temps suppose de penser l’héritier dans une logique de filiation inversée telle que développée par Jean Davallon dans le cadre du processus de patrimonialisation. Il décrit l’héritier comme se faisant lui-même et choisissant par-là ses ancêtres et son héritage. Sous cet angle, et dans la lignée de ses travaux, cette thèse s’intéresse spécifiquement à la figure de l’héritier informée par ce processus de don inversé.A partir d’une enquête ethno-sémiotique trouvant son ancrage en Sciences de l’Information et de la Communication, ce travail vise à saisir la manière dont la figure de l’héritier s’actualise dans la société afin de comprendre dans quelle mesure elle est une médiation entre passé et futur et en quoi elle est une opératrice du renouvellement sociétal. Pour mener à bien cette étude, il sera question de revenir sur les fondements mêmes de la figure de l’héritier (informée par un processus de don qui sous-tend des logiques de redevabilité et de reproduction identitaire) ; d’appréhender les problématiques spécifiques des Français d’Indochine rapatriés (banalisation du rapatriement et absence de reconnaissance comme « cas ») ; et d’examiner les dynamiques propres à la vie communale rurale (communautarisme et politique d’attractivité territoriale). A partir de là, nous pourrons dès lors chercher à comprendre la manière dont la figure de l’héritier traverse la société et s’actualise dans différents espaces – mémoriel, territorial, médiatique, touristique – toujours aux prises de ces logiques de préservation, transmission et production identitaire. Ce parcours donnera l’opportunité de s’interroger sur le rapport de sens que les sociétés entretiennent au passé, sur les effets de sens de la commémoration pour la seconde génération qui la conduit, et sur les enjeux de la construction identitaire à l’intérieur des filiations au travers le temps et l’espace. C’est donc sur le territoire noyantais actuel, au prisme de ce sentiment d’héritier et au croisement de l’ici et maintenant, du là-bas et l’avant, des filiations parentales et locales, et des cultures de tout horizon, que se joue cette enquête.