Remise en questions d'une lecture kuhnienne de la géographie française : réflexions épistémologiques entre sciences sociales, humanités numériques et données massives
Auteur / Autrice : | Max Beligné |
Direction : | Isabelle Lefort, Sabine Loudcher Rabaseda |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie, Aménagement, Urbanisme |
Date : | Soutenance le 20/12/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....) |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Joliveau |
Examinateurs / Examinatrices : Aurélien Berra | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Théry, Damon Mayaffre |
Mots clés
Résumé
Cette thèse est d’abord le récit d’un parcours de recherche. Il a fallu préciser la problématique pour justifier le corpus (revues des Annales de Géographie et de L’Espace Géographique) et l’orientation méthodologique (plongements de mots diachroniques). La problématique s’est focalisée sur un test de l’« hypothèse socio-sémantique » qu’Olivier Orain a réalisé dans sa thèse (2003) pour affirmer la pertinence de sa lecture kuhnienne de la géographie française.Les résultats obtenus montrent que cette hypothèse socio-sémantique ne se vérifie pas. Les termes « espace » et « milieu » n’ont pas la même assiette sémantique dans la géographie française des années 1960. Durant la phase révolutionnaire des années 1970, « espace » n’acquiert pas un nouveau sens, mais plusieurs. De plus, ces sens ne sont pas circonscrits au paradigme théorico-quantitativiste. Enfin, dans les années 1980, il n’y a pas de nouvelle stabilité et de bascule sémantique affirmées.Ces résultats ne permettent pas pour autant de remettre en cause directement la lecture kuhnienne d’Olivier Orain. Les développements de Jean-Claude Passeron dans Le raisonnement sociologique (2006, 1991) fournissent une compréhension approfondie de cette situation : le pôle expérimental se suffit rarement à lui-même dans les sciences sociales. Une conséquence de cette situation est une opposition franche à toute lecture kuhnienne de ces sciences. Cette perspective passeronienne a conduit à examiner précisément de nombreux autres arguments utilisés par Olivier Orain et à mettre en lumière plusieurs limites par rapport au schéma initial kuhnien.Dans un dernier temps, cette perspective critique est appliquée aux discours contemporains : humanités numériques et données massives. Une déconstruction des discours qui s’affirment régulièrement comme changement de paradigme est ainsi effectuée pour y substituer une réflexion sur les conditions de production et in fine d’enseignement des sciences sociales.