Thèse soutenue

L'économie de l'autorité : étude des rapports entre vision et analyse dans la pensée économique de François Perroux (1903-1987)

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Auteur / Autrice : Pierre Jean
Direction : Ludovic FrobertFranck Bessis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/10/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques et de gestion (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Véronique Dutraive
Examinateurs / Examinatrices : Michel Bellet
Rapporteur / Rapporteuse : Virgile Chassagnon, Cyrille Ferraton

Résumé

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François Perroux (1903-1987) est un économiste peu connu, en dépit de ses positions institutionnelles et intellectuelles dominantes en France, de l’Université de Lyon (1928-1937) à la Chaire d’analyse des fais économiques et sociaux (1955-1980) du Collège de France. La pensée économique et politique de Perroux a récemment fait l’objet d’un intérêt grandissant de la part des historiens des idées économiques, particulièrement sur la période 1935-1945. Dans l’Entre-deux-guerres, Perroux se fait en effet le promoteur d’un « corporatisme à la française », inspiré de la révolution conservatrice allemande. Programme qui l’amènera à apporter son soutien à la « Révolution Nationale » proclamée par Philippe Pétain et qui lui permettra d’obtenir de multiples postes de responsabilité aux seins des institutions scientifiques créées par le gouvernement de Vichy. Ces recherches récentes ont complété une littérature donnant une vue partielle de l’oeuvre de Perroux, cette littérature se concentrant sur l’oeuvre post-1945 de l’économiste.Cette thèse enrichit ce tableau d’ensemble de l’oeuvre de François Perroux par plusieurs études inédites sur les origines intellectuelles de l’économiste lyonnais. Là où la littérature s’est contentée de commenter les rapports de son oeuvre avec quelques grands auteurs en économie politique (Keynes, Schumpeter, Marx), la thèse explore part des milieux intellectuels que Perroux a fréquenté au cours de ses années de formation à Lyon.La première partie replace la pensée économique de Perroux dans le contexte d’un effort intellectuel mené par certains intellectuels catholiques sociaux français pour contester les fondements philosophiques de l’économie politique libérale. Le jeune Perroux, en fréquentant la Chronique Sociale de Lyon au début de son professorat, prend contact avec les philosophes Joseph Vialatoux et Jean Lacroix.La seconde partie montre que l’influence du marginalisme viennois et en particulier celle de J. Schumpeter sur les écrits économiques de Perroux semble moins déterminante que celle de ses maîtres de la Faculté de droit de Lyon. En étudiant la thèse de Perroux et ses écrits majeurs sur J. Schumpeter, la thèse montre comment l’institutionnalise lyonnais sert de ligne directrice aux considérations perrouxiennes sur l’articulation des recherches théoriques et empiriques qui l’amènent à contester la Théorie de l’évolution économique de Schumpeter. C’est au niveau d’une représentation hiérarchique du monde social et de sa dynamique que Perroux rejoint ce dernier et les économistes viennois en général.La troisième partie est un travail d’ensemble sur le rapport de Perroux avec K. Marx et les marxismes tout au long de sa vie. Dans la continuité de la partie deux, la dynamique sociale et économique de Perroux consacrant le rôle moteur des « chefs » et autres « élites » sociales marque une ligne d’opposition irréductible entre Perroux et Marx.Sur la base de ces études de la pensée perrouxienne abordée sous différents prismes, la thèse apporte une seconde grande contribution : formuler une présentation d’ensemble de cettepensée au moyen du concept de « vision » inauguré par J. Schumpeter et retravaillé à l’aide des apports récents en philosophie économique. L’économie de François Perroux est essentiellement une économie de l’autorité. Elle part du principe que la crise politique que traverse la France au début du 20ème siècle doit trouver sa solution dans le rétablissement de « chefs » économiques et politiques seuls capables d’innover et de créer les « images motrices » aptes à fédérer les « masses » dans un projet commun. La mise en évidence de cette « vision » permet de reconnecter la pensée économique de Perroux, qui peut apparaître en l’état actuel de la littérature, fragmentée en deux parties, pré et post 1945.