Thèse soutenue

Chômage et recherche d’emploi : une approche expérimentale et comportementale

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Auteur / Autrice : Maxime Le Bihan
Direction : Marie-Claire VillevalPierre Cahuc
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 12/09/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques et de gestion (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe d'analyse et de théorie économique Lyon - St-Etienne (Lyon ; 1997-....) - Groupe d'analyse et de théorie économique / GATE
Jury : Président / Présidente : Béatrice Boulu-Reshef
Examinateurs / Examinatrices : Brice Corgnet
Rapporteur / Rapporteuse : Nicolas Jacquemet, Michèle Valérie Karine Belot

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse contribue à l’intégration des théories et des méthodes de l’économie comportementale dans le cadre classique de l’analyse de la recherche d’emploi en économie.Le chapitre 1 étudie la manière dont les préférences pour le temps et le biais pour le présent affectent la recherche d’emploi. Nous avons mesuré les préférences à court terme et à long terme des demandeurs d’emploi pour l'effort et l'argent afin d'examiner comment ces préférences affectent l’effort de recherche d’emploi et ses résultats. Nous avons constaté que l’impatience à long terme affecte l’effort de recherche et le salaire de réserve, mais seulement lorsqu’elle est mesurée dans le domaine de l’effort. La procrastination et le biais pour le présent sur l’argent tendent à diminuer le niveau d’effort de recherche, avec des effets négatifs sur les résultats de recherche dans le court terme pour les premiers et sur la probabilité de sortir du chômage pour les seconds. Globalement, la recherche d’emploi est affectée à la fois par des raisonnements financiers et par l’arbitrage sur les loisirs. Cependant, effets ne semblent pas indépendants de la méthode utilisée pour mesurer les préférences. Ce résultat milite fortement pour le développement de mesures des préférences temporelle adaptées à la situation de recherche d'emploi.Après avoir perdu un emploi, les faits stylisés dans la littérature montrent que les demandeurs d’emploi sont trop optimistes quant à leur recherche d’emploi et maintiennent cette confiance excessive même après avoir fait face à des résultats négatifs dans leur recherche d’emploi. Le chapitre 2 analyse cette question en vérifiant si une confiance excessive peut découler du désir des demandeurs d’emploi de protéger leur vision d’eux-mêmes et de leurs compétences. nous confirmons d’abord que les demandeurs d’emploi commencent à chercher avec un excès de confiance quant à leurs chances de trouver un emploi, ce qui allonge leurs périodes de chômage. Deuxièmement, nous montrons que ces croyances optimistes sont susceptibles de persister dans le temps car les demandeurs d’emploi actualisent leurs croyances de façon conservatrice et asymétrique. En moyenne, ils sous-estiment les feedbacks, et particulièrement les feedbacks négatifs. Ce traitement motivé de l’information s'ajoute à l’effet de l’excès de confiance et allonge davantage le temps passé au chômage. Nos résultats suggèrent que des conseils ciblés aux demandeurs d’emploi les aidants à former des croyances justes et à maintenir leur motivation peuvent grandement améliorer leurs résultats sur le marché du travail.Le chapitre 3 étudie le retour à l'emploi des seniors. Nous quantifions la mesure dans laquelle le faible retour en emploi des seniors en France est dû à l’existence de préférences spécifiques pour les attributs des emplois. Nous constatons que les demandeurs d’emploi plus âgés diffèrent tant par la valeur qu’ils accordent à chaque attribut d’emploi que par le classement des attributs d’emploi qu’ils valorisent le plus. Plus particulièrement, nous constatons de grandes différences dans les préférences pour éviter les risques des emplois sur la santé, les longs déplacements et les horaires fixés par l’employeur. Nous trouvons une hétérogénéité importante dans les évaluations de tous les attributs d’emploi que nous considérons. En examinant les determinants de cette hétérogénéité des préférences par rapport aux caractéristiques des emploi en fin de carrière, nous constatons que la proximité de l'âge de retraite, l’état de santé et les prestations de soins informels ressortent particulièrement. Dans l'ensemble, nos résultats indiquent que les politiques qui favorisent l’allongement de la vie active ne devraient pas négliger le rôle des conditions de travail.Ensemble, ces résultats plaident pour le développement d’un cadre plus unifié et pour étudier la recherche d’emploi en utilisant l’économie efficace comportementale et expérimentale.