Thèse soutenue

Maladie de Lyme : l'élaboration sous tension d'une représentation sociale

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Auteur / Autrice : Costanza Puppo
Direction : Marie Préau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 15/03/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité Ad Hoc INSERM 00008
Jury : Président / Présidente : Marie Santiago Delefosse
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Pascale Pomey, Fabrice Vavre, Yves Hansmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Ghozlane Fleury-Bahi, Oscar Eduardo Navarro Carrascal

Mots clés

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Résumé

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Transmise par les tiques, la borréliose de Lyme est actuellement un important enjeu au croisement de santé et environnement, en France et plus généralement dans l’hémisphère nord. L’augmentation du taux d’incidence de cas de la borréliose de Lyme, notamment à partir de 2009, est partiellement expliquée par les conditions climatiques. Par ailleurs, la borréliose de Lyme est au centre d’une controverse scientifique et sociétale. Dans ce contexte tensionnel, nous avons mobilisé la théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961), qui s’intéresse à la connaissance de sens commun, sans que cette dernière soit conçue en termes d’erreur ni d’irrationalité. Dans une posture épistémologique constructiviste et interdisciplinaire, nous avons également mobilisé des notions et des concepts issus de la sociologie et l’anthropologie de la santé. Dans le cadre de cette thèse en psychologie sociale de la santé, nous avons investigué la manière dont les arguments tensionnels autour de la symptomatologie, du diagnostic et de la durée de cette maladie sont intégrés, réélaborés et transformés par la pensée sociale, et la manière dont cette dernière influence la pensée scientifique. Cette problématique a été déclinée en trois objectifs principaux. D’abord, nous avons investigué les procédés de catégorisation nosologique de Lyme de la part des professionnel.les de santé, pour rendre compte des manières dont savoirs professionnels et savoirs de sens commun s’intriquent et participent à la construction et à la déconstruction du diagnostic de borréliose de Lyme. Deuxièmement, nous avons exploré le processus de mise en sens des symptômes chez les personnes piquées par une tique, notamment via la mobilisation de la fonction explicative des représentations sociales. Enfin, nous avons exploré les formes de communication entre soignant.es et soigné.es qui explicitent les processus sociocognitifs investigués dans les objectifs 1 et 2. Ces objectifs ont été opérationnalisés en deux études. Tout d’abord, dans l’étude 1, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs auprès d’une population de médecins généralistes (n=19), suivis d’une analyse par catégories conceptualisantes. Par ailleurs, dans l’étude 2, nous avons mené une série d’entretiens (n=24) auprès de personnes piquées par une tique, afin de recueillir des récits de vie autour de leur expérience. Une analyse de trajectoires a ensuite été menée sur l’ensemble du corpus. D’une part, les représentations professionnelles autour de la borréliose de Lyme résultent de l’intrication entre des éléments biomédicaux et des facteurs psychosociaux. D’autre part, la trajectoire des individus piqués par une tique est influencée par l’interprétation – co-construites avec l’entourage - de ses symptômes comme processus de familiarisation à la nouveauté. Trois axes de discussion ont apparus, respectivement permettant de 1) définir le (auto)diagnostic comme un processus d’incertitude, auxquels participent des enjeux identitaires, des facteurs relationnels, des stéréotypes, etc. ; 2) montrer l’élaboration par dichotomies des représentations du diagnostic de Lyme, dont la définition de ce qui est conçu comme « preuve » de la maladie se construit sur les thêmata subjectivité/objectivité ; 3) envisager Lyme comme un objet à l’intersection de santé et environnement, qui nécessite d’intégrer une dimension sociale et compréhensive dans l’étude des représentations du risque. D’un point de vue interventionnel, des recommandations concernant la gestion de l’incertitude chez les médecins généralistes et la valorisation de l’agentivité linguistique pour saisir les représentations du diagnostic de la borréliose de Lyme ont été proposées. Enfin, ce travail permet de penser aux stratégies de prévention comme étroitement liées aux représentations sociales de la maladie, mais aussi de l’environnement : des perspectives autour d’une démarche participative, inscrite dans une approche One Health, ont été avancées.