Thèse soutenue

L'appréhension de l'espace dans la littérature de guerre française et iranienne du XXe siècle : Etude comparée de l'oeuvre de Claude Simon et Mohamad Reza Bâyrâmi

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Auteur / Autrice : Arefeh Nessa Hosseini Hedjazi
Direction : François Géal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures françaises
Date : Soutenance le 05/06/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Piégay
Examinateurs / Examinatrices : Judith Sarfati Lanter
Rapporteurs / Rapporteuses : Ève Feuillebois-Pierunek

Résumé

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L’objectif de cette thèse est d’étudier comparativement la place, le rôle et la disposition de l’espace de la guerre dans l’œuvre de deux auteurs du XXe et XXIe siècles qui ont participé à la guerre et en ont fait un matériau central dans leur écriture : le Français Claude Simon et l’Iranien Mohammadrezā Bāyrāmi. La littérature de guerre a connu de grands changements durant le XXe siècle : chaque conflit, du fait du contexte historique, national et historique dans lequel il s’inscrit, fait de cette littérature l’expression d’expériences uniques et cependant universelles. L’expérience radicale d’un conflit militaire est, depuis la Grande Guerre, l’origine d’une nouvelle poétique du récit de guerre plaçant la subjectivité du combattant au cœur de l’écriture. L’expression d’une expérience aussi extrême souligne le travail de l’écriture en tant qu’acte et construction autotéliques et conscients. La fiction de guerre est aussi fortement ancrée dans l’actualité sociale, culturelle et politique en raison des conséquences importantes et souvent définitives des conflits militaires sur des périodes plus ou moins longues. Nous avons essentiellement abordé le sujet en recourant aux méthodes de la critique thématique et du comparatisme pour étudier l’impact des conflits sur les espaces vécus par des écrivains également influencés par la vie culturelle de leur milieu et de leur époque, qui réussissent néanmoins à transformer leur guerre en histoire universelle grâce à la littérature. Nous avons tenté d’enrichir ici la recherche sur les littératures de guerre comparées entre l'Iran et la France. La littérature de guerre iranienne est aussi, pour sa part, trop peu connue en France. Ce travail aborde ainsi brièvement l’influence de la littérature française d’après-guerre sur la littérature extrême contemporaine iranienne et tente d’enrichir les perspectives sur les enjeux politiques et poétiques de la littérature de guerre mondiale. Cette thèse s’inscrit dans le cadre d’une étude transversale au vu des dimensions plurielles des deux notions « d’espace » et de « guerre ». Elle a débuté par la constatation d'un bouleversement particulier de l'espace dans la fiction de guerre moderne, bouleversement qui génère une certaine étrangeté. La narration revient sur une expérience si radicale qu’elle en affecte l’espace et sa perception. A ce titre, la guerre agit comme une force chaotique primaire qui redéfinit les bases de l’univers. La guerre se présente également comme un rituel mortifère et manqué, devenu non-lieu insaisissable que l’écriture tente d’ancrer dans les mots. Le parallèle entre deux auteurs nés au XXe siècle, mais de deux cultures différentes, met à jour des analogies et des dissemblances dans la confrontation avec le phénomène de la guerre moderne qui dépassent le cadre des discours idéologiques et téléologiques le justifiant. La quête d’une écriture capable de raconter cette expérience s’inscrit dans le franchissement des discours convenus. En se questionnant sur l’écriture, les auteurs déconstruisent les discours dominants monumentalisés par l’habitude culturelle et accomplissent un véritable travail d’historiographie qui replace une littérature orientée vers la recherche poétique et formelle dans un rapport direct avec l’actualité politique, sociale et culturelle. À ce titre, la littérature de guerre semble également faire contrepoids aux instrumentalisations politiques et aux discours idéologiquement justifiés, en particulier en Iran, mais aussi dans l’œuvre d’un Claude Simon dénonçant des conventions littéraires qu’il estime dépassées et un milieu intellectuel français politiquement opportuniste.