Thèse soutenue

Symbiose et immunité de la plante hôte : cas de l’interaction Alnus glutinosa – Frankia alni – Phytophthora alni

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Auteur / Autrice : Mathilde Vincent
Direction : Aude HerreraAnne-Emmanuelle Hay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie microbienne
Date : Soutenance le 09/11/2023
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'écologie Microbienne (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Florence Wisniewski-Dyé
Examinateurs / Examinatrices : Aude Herrera, Anne-Emmanuelle Hay, Florence Wisniewski-Dyé, Pascal Ratet, Benoît Alunni, Cédric Bertrand
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Ratet, Benoît Alunni

Résumé

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L'aulne glutineux est l'une des essences principales des milieux ripisylves, où il assure de nombreuses fonctions biologiques et socio-économiques. Or, depuis plusieurs années, une maladie émergente causée par Phytophthora alni décime les populations d'aulne dans ces milieux. Comprendre les facteurs de risque ayant un rôle primordial dans la dissémination de cette maladie est indispensable pour enrailler la dégradation de l'état sanitaire de l'aulne. Cela implique de considérer la complexité de la relation hôte-pathogène, mais aussi les facteurs environnementaux biotiques et abiotiques susceptibles d'impacter cette relation et, parmi eux l'interaction symbiotique que l'aulne est capable d'établir avec Frankia, actinobactérie fixatrice d'azote. Cette symbiose aboutit à la formation d'une nodosité racinaire au sein de laquelle les bactéries symbiotiques, protégées et nourries par la plante fournissent à l'aulne l'azote atmosphérique fixé. Cette symbiose est très étudiée pour comprendre les échanges trophiques entre les deux partenaires et le dialogue moléculaire conduisant à l'établissement de la nodosité. Cependant, on ignore si les interactions qu'entretient l'aulne avec son symbiote Frankia influe sur les réactions de défense de l'aulne, ce qui pourrait modifier sa capacité à se protéger contre des pathogènes. Les plantes disposent en effet d'un système immunitaire leur permettant de déclencher des mécanismes de défense, localement au point d'infection ou systémiques, en réponse aux interactions avec les microorganismes. Mieux décrits dans les systèmes plantes-pathogènes, ces mécanismes pourraient aussi intervenir dans les interactions symbiotiques. Le projet de thèse avait donc pour objectif de décrire le système immunitaire de la plante hôte Alnus glutinosa dans un contexte d'interactions multiples avec l'actinobactérie Frankia alni et l'oomycète Phytophthora alni, en combinant plusieurs approches -omiques complémentaires (transcriptomique, protéomique et Deux expériences ont été menées afin (i) d'étudier le système immunitaire de la plante hôte au cours des étapes précoces de l'interaction avec un microorganisme bénéfique versus pathogène et (ii) de déterminer si des signatures (gènes, protéines, métabolites) du système immunitaire de la plante hôte sont différentiellement exprimées quand cette dernière est nodulée par Frankia. Les résultats ont permis de mettre en évidence l'activation de marqueurs de défense dans les racines d'A. glutinosa dans les premières étapes de l'interaction avec F. alni (i.e., mise en place de la symbiose) et dans les étapes tardives (i.e., plante nodulée). Il a également été montré que les plantes nodulées sont capables de mettre en place des mécanismes de défense racinaires spécifiques par rapport aux plantes non-nodulées, ainsi qu'une réponse systémique plus forte, nous conduisant à discuter un possible effet « priming » de la symbiose avec Frankia. Nos résultats suggèrent également que, dans la nodosité, la plante hôte pourrait utiliser des mécanismes assimilés à des réactions de défense pour réguler la croissance et l'activité de son symbiote, et que ces réactions sont très fortement réprimées dans la nodosité lorsque l'hôte est infecté par le pathogène. Enfin, nos expérimentations nous ont permis de comprendre dans quelle mesure l'infection par le pathogène P. alni affecte l'établissement des interactions symbiotiques entre A. glutinosa et son symbiote F. alni.