Construction d'une interaction nucléaire effective généralisée et application à l'astrophysique et aux noyaux lourds
Auteur / Autrice : | Paul Proust |
Direction : | Michael Bender, Dany Davesne |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique theorique |
Date : | Soutenance le 23/10/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Physique et Astrophysique de Lyon (Lyon ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Physique des 2 Infinis de Lyon |
Jury : | Président / Présidente : Jacques Meyer |
Examinateurs / Examinatrices : Michael Bender, Jacques Meyer, Micaela Oertel, Sophie Péru, Alessandro Pastore, Karim Bennaceur | |
Rapporteur / Rapporteuse : Micaela Oertel, Sophie Péru |
Mots clés
Résumé
Les noyaux sont des systèmes à N corps (de 1 à 294) fortement corrélés pour lesquels l'interaction forte fondamentale qui les décrit, c'est-à-dire la chromodynamique quantique, est hautement non perturbative. Puisque la théorie quantique des champs sur laquelle elle repose est une théorie perturbative, il faut donc avoir recours à des théories effectives, donc non fondamentales, pour décrire les noyaux. Concrètement, depuis la fondation de la physique nucléaire, quatre approches principales ont été utilisées: les modèles de la goutte liquide, en couches, ab initio et des fonctionnelles de la densité. Le modèle des fonctionnelles de la densité, qui est aussi utilisé pour décrire la physique moléculaire, reste un des plus prédictifs à l'heure actuelle, que ce soit pour décrire les noyaux légers (A\ \gtrsim10) ou lourds. Le premier a avoir été développé est le modèle d'interaction de Skyrme à la fin des années 1950. S'il en existe d'autres aujourd'hui, il reste très largement utilisé en physique nucléaire, si bien qu'il existe désormais plusieurs centaines de paramétrisations. C'est sur ce modèle que nous travaillerons dans cette thèse. Bien qu'étant toujours très utilisées, les fonctionnelles de Skyrme semblent toutefois avoir atteint leurs limites vis-à-vis de l'avancée des données expérimentales des dernières décennies. Pour tenter de résoudre ces problèmes, on peut, soit proposer de nouveaux modèles, soit travailler sur les extensions possibles des modèles existants. C'est ce second choix qui sera privilégié dans ce travail. Le modèle d'interaction de Skyrme, dans sa version initiale, contient des termes d'interactions à deux corps développés à l'ordre deux dans l'impulsion (ordre NLO), qui sont compatibles avec les symétries de l'interaction nucléaire forte, et un terme effectif à 3 corps. Au total, cela correspond à un modèle contenant une dizaine de paramètres libres. Ces paramètres sont ensuite contraints par la prise en compte d'observables ou de pseudo-observables. Dans les premiers chapitres de cette thèse, nous considérerons une interaction à deux corps que nous développerons à deux ordres au-delà de l'ordre dominant (ordre N2LO) en tenant compte de tous les termes possibles obtenus par l'analyse des symétries fondamentales. Une partie de ces termes a déjà été considérée dans la littérature des deux dernières décennies. Puis, en nous appuyant sur un travail récent concernant les densités à un corps, nous travaillerons sur une nouvelle méthode de calcul de sorte que l'ensemble seront possibles fait à la main et de façon optimale. Nous obtiendrons la densité d'énergie dans le cadre des approximations Hartree-Fock et Hartree-Fock-Bogoliubov. De part son caractère d'extension du modèle original, la fonctionnelle obtenue possèdera plus de paramètres que les fonctionnelles habituelles, paramètres qu'il sera aussi nécessaire de contraindre. Une quantité particulièrement importante à reproduire pour tout modèle d'interaction nucléaire est, par exemple, la hauteur des barrières de fissions des noyaux, c'est à dire l'énergie qu'il faut fournir pour obtenir la fission des noyaux. Ces hauteurs sont fortement corrélées au coefficient d'énergie de surface du modèle de la goutte liquide. Ce coefficient peut évidemment se calculer numériquement dans l'approximation Hartree Fock mais le temps de calcul est rédhibitoire, particulièrement pour une fonctionnelle N2LO, dans le cadre d'un programme d'ajustement des paramètres de la fonctionnelle. Un calcul approximatif moins coûteux est, par conséquent, nécessaire. Dans le chapitre 5 de cette thèse, nous développerons ainsi une approximation semi-classique du calcul de ce coefficient à l'ordre \hbar^2. Cette approximation sera ensuite testée pour les paramétrisations existantes et montrera des résultats encourageants, exploitables pour les paramétrisations futures.