Thèse soutenue

L'impact des voies de mécanotransduction (BMP, YAP/TAZ) dans la chimiorésistance de la Leucémie Myéloïde Aiguë

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Auteur / Autrice : Léa Barral
Direction : Sylvain Lefort
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 03/05/2023
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
Jury : Président / Présidente : Jean-Paul Rieu
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Picart, Sophie Tartare-Deckert, Meyling Cheok, Diana Passaro
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Picart, Sophie Tartare-Deckert

Résumé

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La Leucémie Aiguë Myéloïde (LAM) est la leucémie la plus fréquente chez l’adulte. Le taux de mortalité reste élevé, avec seulement 25-30% des patients survivants après 5 ans de traitement. La persistance des cellules leucémiques chimiorésistantes dans l’environnement (niche) médullaire est responsable des rechutes et du taux élevé de mortalité. Cette niche est dérégulée lors du développement de la LAM : la Matrice ExtraCellulaire (MEC) se rigidifie, et la pression intramédullaire augmente. De plus, l’adhésion des cellules leucémiques à leur matrice les protège du traitement chimiothérapique. Notre équipe a précédemment démontré que la voie des BMPs (Bone Morphogenetic Proteins), régulatrices importantes de l’hématopoïèse normale, était dérégulée lors de la LAM (Voeltzel et al. 2018). Les BMPs sont aussi des facteurs de mécanotransduction, interagissant avec la voie de YAP/TAZ, protéines connues comme oncogènes dans les cacers épithéliaux, et celle des intégrines. Ainsi, nous nous sommes demandés quel impact ces voies de mécanotransduction avait dans la chimiorésistance de la LAM. Pour cette étude, nous avons utilisé des lignées cellulaires sensibles ou résistantes à la chimiothérapie (Ara-C), mais aussi des cellules primaires de patients après rechute. Nous avons caractérisé ces cellules au regard des voies BMP et YAP/TAZ, puis modulé ces voies afin de comprendre leur implication dans la chimiorésistance. Nous avons aussi étudié comment l’environnement physique pouvait réguler cette résistance. Reproduisant certaines propriétés mécaniques de la niche médullaire, nous avons utilisé des hydrogels de différentes rigidités, mais aussi un système de confinement (Prunet et al. 2020) ou un système 3D standardisé modélisant la moelle osseuse humaine (Voeltzel et al. 2022). L'analyse de datasets publiques a mis en évidence que les patients exprimant un fort taux de BMPR1B au diagnostic rechutaient plus rapidement que les autres. Aussi, BMPR1B et des éléments de la voie YAP/TAZ sont surexprimés chez des patients après leur rechute comparé à leur diagnostic. Nos lignées résistantes présentent aussi une surexpression de BMPR1B et TAZ/TEADs. Elles sont adhérentes à différents substrats, présentant plus d’intégrines β1, de FAK phosphorylé et d’actine que les cellules sensibles. De plus, la voie BMP dans les cellules résistantes répond aux stimuli physiques (rigidité, confinement). L’addition de BMP4, retrouvé en excès dans la moelle osseuse des patients LAM (Voeltzel et al. 2018), entraîne une augmentation de l’expression d’id1, gène-cible des BMPs mais aussi impliqué dans la chimiorésistance dans différents modèles. L’inhibition de la voie YAP/TAZ non seulement semble spécifiques aux cellules résistantes. De plus, il impacte la voie BMP, diminuant l’expression d’id1, ce qui suggère un dialogue entre les deux voies. En outre, l’inhibition de YAP/TAZ ou de BMPR1B/ERK en combinaison avec l’Ara-C réduit le nombre de cellules résistantes dans le système 3D comparé à l’Ara-C seul. Ainsi, les voies BMP et YAP/TAZ sont impliqués dans la chimiorésistance des cellules LAM et sont modulées par leur environnement physique. Ces deux voies pourraient alors être ciblées afin d’améliorer la survie des patients LAM.