Vers la coexistence : les implications d'une approche complexe et adaptative des systèmes socio-écologiques pour les sciences et les pratiques de la conservation
Auteur / Autrice : | Elie Pédarros |
Direction : | Hervé Fritz, Chloé Guerbois |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie |
Date : | Soutenance le 13/09/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation (Lyon ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive |
Jury : | Président / Présidente : Ludovic Say |
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Fritz, Juan F. Fernández-Manjarres, Bruno Locatelli, Jeanne Nel, Anne-Caroline Prévot-Julliard | |
Rapporteur / Rapporteuse : Juan F. Fernández-Manjarres, Bruno Locatelli, Jeanne Nel |
Résumé
La reconnaissance de l’imbrication des défis sociaux et écologiques a permis de concevoir une analyse du système socio-écologique dont les composantes sociales et écologiques sont interdépendantes et entrelacées. Cette conception socio-écologique redéfini la place de l’homme dans la « nature » et a des conséquences majeures pour les sciences et les pratiques de conservation. Dans le contexte d’un déclin majeur de la biodiversité, le questionnement à propos des sciences et pratiques de conservation se précise d’autant plus que la question des “manières d’habiter” le monde se fait plus pressante, notamment concernant les relations entre l’homme et la faune sauvage. À partir de l’étude de deux sites contrastés d’Afrique du Sud, l'objectif principal de cette thèse est de questionner et de prendre en compte la redéfinition des fondations ontologiques, épistémologiques et méthodologiques des sciences et pratiques de conservation en adoptant une approche complexe et adaptative des systèmes socio-écologiques. En étudiant deux sites d’Afrique du Sud, cette thèse est le produit d’une co-élaboration et d’une co-construction de la recherche grâce à la mobilisation d’une diversité de parties prenantes. Le premier chapitre présente en détail le processus de co-élaboration de la recherche notamment par la collaboration des systèmes de connaissances scientifiques et de savoirs locaux “expérientiels”. Comprendre les dynamiques socio-écologiques au sein de paysages anthropisés nécessite également de repenser les méthodologies permettant d’appréhender ces dynamiques. Dans le deuxième chapitre, je m’attache ainsi à comprendre les implications méthodologiques et statistiques d’une telle entreprise qui fournit une premier élément de réflexion concernant le processus de co-élaboration de la recherche notamment en précisant les particularités des données obtenues lors de méthodes participatives. Le troisième chapitre fournit une application de ces méthodologies dans la compréhension des systèmes socio-écologiques et des dynamiques des relations homme-faune en confrontant ces produits de la modélisation d’utilisation du paysage avec les conceptions de la « nature » des diverses parties prenantes ayant co-réalisé cette recherche. Ces dynamiques socio-écologiques posent néanmoins des questions concernant l’éthique et la prise en compte de la diversité des relations homme-faune dans les sciences de la conservation. Dans le quatrième chapitre, je propose une analyse de l’importance de ces dimensions relationnelles et éthiques dans les sciences de la conservation mais aussi sur les stratégies appliquées à des systèmes socio-écologiques complexes et adaptatifs. L’approche collaborative dans les sciences de la conservation est considérée comme fondamentale dans la réussite des pratiques de conservation, et le cinquième chapitre a donc pour objet de fournir une réflexion critique sur la conduite pratique de telles approches dans des systèmes, qui dans leur réalité, supposent une complexité (au sens étymologique du terme) de la réalisation du travail scientifique de terrain. Cette thèse propose donc de repenser les sciences et les pratiques de conservation en tenant compte de la diversité des relations au sein de la communauté élargie du vivant. Adopter une approche relationnelle et complexe est possible en favorisant la transdisciplinarité et en adoptant une position transformative vis-à-vis du changement permettant de tendre vers la résilience du système dont une des composantes essentielles est la coexistence.