Thèse soutenue

Approches de modélisation PK/PD dans le développement des conjugués anticorps-médicaments

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Clémence Pouzin
Direction : Michel TodLaurent Nguyen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherche clinique, innovation technologique, sante publique
Date : Soutenance le 30/01/2023
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre pour l'Innovation en Cancérologie de Lyon (2003-....)
Jury : Président / Présidente : Sylvain Goutelle
Examinateurs / Examinatrices : Michel Tod, Laurent Nguyen, Sylvain Goutelle, Florence Gattacceca, Fabienne Thomas, France Mentré
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Gattacceca, Fabienne Thomas

Résumé

FR  |  
EN

Les conjugués anticorps-médicament (« antibody-drug conjugates », ou ADC) sont constitués d’un anticorps monoclonal (ciblant un récepteur spécifique à la surface de la cellule tumorale) lié à un agent cytotoxique puissant (inhibant la prolifération tumorale). Ils présentent ainsi un double avantage : pouvoir détruire des cellules cancéreuses cibles grâce à des doses cytotoxiques plus puissantes que ce que permet une chimiothérapie classique, tout en préservant les tissus sains. Le tusamitamab ravtansine (SAR408701) est un ADC composé d'un anticorps monoclonal de type IgG1 et d'un puissant cytotoxique dérivé de la maytansine : le DM4. L’anticorps spécifique du SAR408701 détecte et cible les cellules tumorales exprimant l’antigène carcinoembryonnaire CEACAM5. Cet antigène est impliqué dans l'adhésion, la différenciation, la prolifération et la survie cellulaire, et est fortement exprimé dans différents types de tumeurs épithéliales. Le DM4 et son dérivé méthylé (Me-DM4) sont connus pour être de puissants agents cytotoxiques (agents anti-tubuline) inhibant la division cellulaire. En raison de la structure spécifique des ADCs, la caractérisation de la pharmacocinétique (PK) de population de ce type de médicament est complexe, car petites et grosses molécules circulent et sont généralement quantifiées dans le plasma. L'approche habituelle (souvent utilisée pour les ADCs déjà commercialisés) consiste à décrire séparément la PK de l'anticorps conjugué et du cytotoxique. De nouvelles approches, plus innovantes, sont apparues : elles tentent d’intégrer des considérations plus mécanistiques et de décrire la PK de toutes les entités simultanément dans un même modèle mathématique. Les travaux de cette thèse ont consisté en la construction d’un nouveau type de modèle PK semi-mécanistique, visant à décrire simultanément la PK de toutes les entités circulantes dérivant du SAR408701 (anticorps conjugué : SAR408701 ; cytotoxiques : DM4 et Me-DM4 ; et anticorps nu), sur la base des données cliniques de phase I/II. Le modèle développé intègre un processus de déconjugaison successive des agents cytotoxiques, en incluant des mesures de ratio anticorps/médicament (« drug-to-antibody ratio », ou DAR). Il a permis, entre autres, d'identifier les principaux facteurs (covariables) expliquant la variabilité PK interindividuelle observée et a servi de support pour répondre à plusieurs questions soulevées lors du développement clinique. Les travaux de cette thèse ont également consisté en l’élaboration d’un modèle PK/PD (basé sur le modèle PK semi-mécanistique développé) visant à décrire la cinétique de la taille tumorale (« tumoral size », ou TS) et le temps de progression chez des patients présentant un CPNPC. Ce modèle a servi, entre autres, à identifier les meilleurs prédicteurs de la diminution de la taille tumorale (PK de l’ADC circulant, et/ou des cytotoxiques), à évaluer l’impact de facteurs pronostiques et du schéma posologique sur les dynamiques de la taille de tumeur et de temps de progression. Toutes ces approches innovantes de modélisation nécessitent d’intégrer un grand nombre de données, générées au cours du développement. Les modèles PK et PK/PD de population développés ont permis de soutenir le développement du SAR408701 à différents niveaux, en apportant des éléments de réponses à de nombreuses questions posées lors des études cliniques. De plus, ils tentent d’améliorer la compréhension du mécanisme d’action complexe des ADCs en modélisant la déconjugaison du cytotoxique. La combinaison de ces modèles PK avec des marqueurs d’efficacité (tels que la taille tumorale ou le temps jusqu'à progression tumorale) vise à aider et à anticiper les phases tardives de développement, afin de prédire plus précocement l’efficacité du médicament développé dans certaines populations cibles.