Marie-Jeanne Lhéritier de Villandon et la Querelle des Anciens et des Modernes liée à la Querelle des femmes en tant que Querelle de la préciosité par la Querelle de La Princesse de Clèves
Auteur / Autrice : | Manuela Lippert |
Direction : | Alain Génetiot, Rotraud von Kulessa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, Littératures et Civilisations |
Date : | Soutenance le 30/11/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine en cotutelle avec Universität Augsburg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Littératures, Imaginaire, Sociétés (Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Bury |
Examinateurs / Examinatrices : Alain Génetiot, Rotraud von Kulessa, Eva-Tabea Meineke, Henning S. Hufnagel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuel Bury, Eva-Tabea Meineke |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Marie-Jeanne Lhéritier de Villandon (1664-1734) contribue à la Querelle des Anciens et des Modernes déclenchée en 1687. Il s'agit de soutenir les Modernes pour s'émanciper du modèle langagier et littéraire intemporel de l'Antiquité gréco-latine défendu par les Anciens, par ailleurs hostiles à l'écriture féminine, et de préconiser une littérature nationale française. De plus, il est question de se débarrasser de la doctrine classique qui lie vraisemblance et bienséance et sert à la reproduction sociétale plutôt qu'à son évolution. Dans cette entreprise, les écrivains Modernes profitent d'une querelle antérieure déclenchée par la nouvelle galante La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette en 1678. Le point nodal de cette querelle est la mise en question de la vraisemblance, justifiée de l'extérieur de la fiction par une maxime, et la mise en place d'une vérité justifiée de l'intérieur de la fiction. Cette mutation permet à la fiction de décrire le possible rendu plausible par l'agencement des faits, projet auquel correspond une écriture détachée de l'écriture nostalgique et de l'écriture ironique. La nouvelle liberté poétique permet aux conteuses de la fin du siècle d'explorer le moralement croyable par le genre merveilleux du conte de fées dont Marie-Jeanne Lhéritier de Villandon est la marraine et la théoricienne. En 1694, la Querelle des Anciens et des Modernes glisse vers la Querelle des femmes qui est à cette époque une Querelle de la préciosité. L'écrivaine favorise l'égalité des sexes dans la diversité pour une cohabitation heureuse des hommes et des femmes au sein de la société. En les évaluant à l'aune des modèles de sociabilité de l'honnête femme (femme précieuse) et de l'honnête homme (galant homme), elle rend les femmes responsables de leur auto-instruction par de beaux romans. Ainsi, elle fait le lien à Madeleine de Scudéry, grande théoricienne de l'honnêteté, de la belle galanterie et de la philosophie de l'amitié tendre dans ses romans et conversations. Marie-Jeanne Lhéritier de Villandon s'engage ainsi pour l'accès des femmes au savoir et à la culture, même s'il s'agit plutôt d'un savoir-faire pratique qui aboutit à un savoir-être au sein de la société mondaine et galante. Elle lie ainsi la littérature moderne à la fonction de plaire et d'instruire héritée de la paideia, mais sous les auspices modernes du possible et du moralement croyable justifiés par la fiction.Dans cette thèse en cotutelle franco-allemande, nous nous intéressons, à la lumière de l'approche transtextuelle, à l'évolution poétique des deux recueils de contes de fées de l'écrivaine, publiés dans les Œuvres meslées en 1695 et dans La Tour ténébreuse et les Jours lumineux en 1705, et à sa contribution aux querelles éthiques et esthétiques de son temps. L'approche intertextuelle nous permet de prendre en considération le contexte littéraire vers la fin du XVIIe siècle et de tracer les alliances et les adversités pour rendre visible l'implication de la querelle pour la société et la littérature. L'objectif général de notre thèse est de montrer que les querelles en question contribuent à la constitution de la société, à travers le dispositif de la querelle, par la littérature désormais moderne qui, évoluant avec la demande du public, convient à une nouvelle disposition anthropologique de l'homme.