Thèse soutenue

Transferts d’éléments conjugatifs et mobilisation d’ADN chromosomique dans une population de Streptomyces

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Auteur / Autrice : Caroline Choufa
Direction : Pierre LeblondCyril Bontemps
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écotoxicologie, biodiversité, écosystèmes
Date : Soutenance le 12/12/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dynamique des génomes et adaptation microbienne (Vandoeuvre-lès-Nancy)
Jury : Président / Présidente : Christine Citti
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Leblond, Cyril Bontemps, Jean-Luc Pernodet, Hasna Boubakri
Rapporteur / Rapporteuse : Christine Citti, Jean-Luc Pernodet

Résumé

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Les Streptomyces sont des bactéries ubiquistes des sols où elles interagissent avec les organismes environnants via un large répertoire de métabolites spécialisés. En étudiant une population rhizosphérique de Streptomyces (des souches de même espèce et isolées du même micro-habitat rhizosphérique), il a été montré que les flux de gènes massifs promeuvent une évolution rapide des individus, permettant leur diversification génétique et fonctionnelle dans le sol forestier. L'objectif de la recherche est de déterminer l'ampleur de ces flux de gènes au sein de la population et les mécanismes responsables des transferts. Les éléments conjugatifs, intégrés (ICE) ou plasmidiques, assurent leur propre transfert et stimulent celui d'ADN chromosomiques. Dans un premier temps, nous avons dressé l'inventaire des ICE spécifiques aux Actinomycetes (AICE) et caractérisé leur richesse, diversité et distribution au sein de la population. Nous avons montré que lors d'un événement de conjugaison unique, plusieurs éléments étaient mobilisés simultanément, et qu'une forte hétérogénéité des AICE était décelable dans la descendance. Afin de mesurer l'ampleur des transferts chromosomiques, nous avons réalisé des croisements entre isolats de la population, puis analysé la séquence du génome des recombinants. Au moyen du polymorphisme nucléotidique, nous avons pu identifier l'origine parentale de chaque segment du génome, et déterminer que la quantité d'information génétique acquise varie entre 1,5 et 35% de l'information totale répartie en plusieurs fragments distincts. Les transferts conjugatifs modifient profondément l'arsenal de gènes codant le métabolisme spécialisé (ex. antibiotiques). En effet, plus de 90% des recombinants se distinguent de leurs parents par les gènes de biosynthèse : gains, pertes, remplacements et recombinaisons. Nous montrons que plusieurs voies de biosynthèse entières (ca. 100 kb) peuvent être acquises par conjugaison. Ainsi, les transferts conjugatifs chez les Streptomyces permettraient de générer une forte diversité intra-populationnelle, diversité nécessaire pour faire émerger des individus plus adaptés, mais aussi pour assurer le partage des tâches au sein de la population dans leur environnement compétitif (sol). Ces résultats ouvrent également des perspectives biotechnologiques avec la possibilité de transferts et de diversification de voies de biosynthèse d'intérêts.