Érosion, altération et paléo-altération en Himalaya
Auteur / Autrice : | Aswin Tachambalath |
Direction : | Christian France-Lanord, Julien Charreau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géosciences |
Date : | Soutenance le 18/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (Vandoeuvre-lès-Nancy, Meurthe-et-Moselle) |
Jury : | Président / Présidente : Aude Gébelin |
Examinateurs / Examinatrices : Christian France-Lanord, Julien Charreau, Jérôme Gaillardet, Pascale Huyghe, Emmanuelle Pucéat, Louis Derry, Mara Limonta | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jérôme Gaillardet, Pascale Huyghe |
Mots clés
Résumé
L'altération et l'érosion des continents sont des acteurs fondamentaux des cycles bio-géochimiques globaux. Ils agissent sur le transfert de CO₂ de l'atmosphère vers les réservoirs sédimentaires par l'altération des silicates et le transfert de carbone organique. En Himalaya, une région caractérisée par une altération cinétiquement limitée, l'interaction entre l'intensité de la mousson et l'érosion contrôle significativement l'intensité de l'altération. Ainsi, une évaluation quantitative détaillée de l'impact de l'érosion himalayenne sur le cycle du carbone est importante pour comprendre le rôle de cet orogène majeur. Les deux principaux fleuves Gange et Brahmapoutre qui drainent l'Himalaya et le Trans-Himalaya sont les principaux contributeurs de sédiments au delta du Bangladesh et au Cône du Bengale. Ces sédiments exportés et déposés par des courants de turbidité depuis le delta vers le Cône profond sur plusieurs milliers de km. Leur accumulation constitue un enregistrement historique de la paléoérosion himalayenne. La composition chimique de ces sédiments est héritée de la composition des roches mères et des effets de l'altération et du tri minéralogique au cours des processus de transport et de dépôt. Pour quantifier la paléoérosion himalayenne, cette étude se concentre sur la mise en place d'un modèle quantitatif de l'intensité d'altération des silicates himalayens. Nous utilisons les enregistrements sédimentaires du Néogène et du Quaternaire forés lors de l'expédition IODP 354 qui a foré un transect E-W de sept forages à 8º N dans une approche «Source to sink ». Les formations drainées par les Gange et le Brahmapoutre présentent différents degrés de maturité crustale et de compositions chimiques et nécessitent donc une évaluation détaillée des sources de sédiments. Dans les sédiments turbiditiques, nous utilisons les isotopes du Néodyme pour tracer les sources de sédiments, car ils sont moins affectés par le tri et démontrent un bon traçage de la provenance géologique. La lixiviation des sédiments à l'acide acétique a été affinée afin de déterminer la composition en silicates des sédiments. Les compositions des roches sources sont établies par un mélange entre un pôle himalayen et un pôle trans-himalayen dérivé des sédiments actuels du Gange et du Brahmapoutre. La différence chimique entre la roche source estimée et les sédiments exportés est ensuite utilisée pour évaluer la perte de cations critiques associée à l'altération. Des règles de normalisation ont été adoptées pour prendre en compte les effets du tri granulométrique afin de comparer des sédiments allant du sable au limon fin. Cette approche montre une perte comparable de cations silicatés majeurs pour les sédiments du cône du Bengale par comparaison avec les sédiments du système actuel au cours de la période Plio-Pléistocène. Les enregistrements du Miocène montrent par contre un appauvrissement significatif de 0,1 à 0,3 mol/Kg de Na et de 0,2 à 0,4 mol/kg de Casil, ce qui traduit une altération intense du plagioclase. À l'échelle du Néogène, une telle réponse n'apparaît pas corrélée aux informations disponibles sur les variations climatiques ou de taux d'érosion. Parmi les facteurs probables, une température plus élevée au cours du Miocène et des changements de l'extension des plaines d'inondation peuvent expliquer une telle réponse. Les enregistrements du Cône du Bengale depuis le dernier maximum glaciaire répondent aux changements climatiques mettant en évidence une augmentation de l'altération chimique des silicates depuis le dernier maximum glaciaire jusqu'à nos jours. Des proportions élevées de carbonates détritiques sont également observées au cours du Miocène, ce qui reflète une proportion plus élevée de carbonates dans la roche mère. Cette thèse fournit une revue complète de ces résultats, proposant des estimations de la paléoaltération des silicates en Himalaya, ainsi qu'une analyse des incertitudes associées.