Un climat électrique : résistances aux nouvelles infrastructures de « transition énergétique » et gouvernement des critiques dans les espaces ruraux populaires du Grand Est

An electric climate : resistance to new « energy transition » infrastructures and the government of criticism in working-class rural areas of Eastern France

• Auteur / Autrice : Jimmy Grimault
• Direction : Michel Deshaies, Mark Bailoni
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Géographie
• Date : Soutenance le 14/11/2023
• Etablissement(s) : Université de Lorraine
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LOTERR - Centre de recherche en géographie (Lorraine)
• Jury : Président / Présidente : Philippe Subra
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Michel Deshaies, Mark Bailoni, Geneviève Pierre, Stéphanie Dechézelles, Laurence Raineau, Annaig Oiry
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Philippe Subra, Geneviève Pierre

Mots clés

Mots clés contrôlés

Politique publique

Énergie éolienne

Utilisation

Énergies renouvelables

Participation des citoyens

Justice environnementale

France

Transition énergétique

Mots clés libres

Transition énergétique

Espaces ruraux

Classes populaires

Inégalités environnementales

Conflits

Energy transition

Rural areas

Working classes

Environmental inequalities

Conflicts

Résumé

Si l'idée d'un développement des énergies « renouvelables » dans le cadre d'une « transition énergétique » vers un mix énergétique moins carboné paraît consensuelle, dans la pratique, les milliers de projets locaux disséminés sur le territoire français rencontrent de vives contestations auxquelles prennent part des dizaines de milliers de personnes. Cette thèse propose, à partir d'une enquête qualitative par entretiens et observations, d'étudier les conflits entourant le développement des éoliennes industrielles dans les espaces ruraux du Grand Est. Ces infrastructures énergétiques se sont concentrées en « réacteurs éoliens » dans des marges rurales ayant subi de multiples crises au cours des dernières décennies. En outre, ces campagnes se caractérisent par une surreprésentation des classes populaires, qui s'explique par les diverses protections (paysagères, environnementales, patrimoniales, etc.) dans les campagnes bourgeoises et les mobilisations victorieuses de ces classes sociales pour défendre leur environnement (châtelains, vignerons, néo-ruraux). Les résistances sont toutefois nombreuses face aux inégalités environnementales et socio-spatiales générées, et cette recherche explore singulièrement les réactions des groupes sociaux dominés (classes populaires, agriculteurs marginalisés, etc.). Face à cela, les industriels et les pouvoirs publics conçoivent des stratégies pour rendre possible ce nouvel extractivisme. De nouveaux dispositifs participatifs sont déployés (porte-à-porte, etc.), ainsi que des instruments économiques, comme différents types d'investissement local (« participatif », « citoyen », etc.). En outre, face à la contestation des dégâts environnementaux de ces nouvelles infrastructures, des dispositifs techniques et écologiques sont mis en place. Dans une dernière partie, cette recherche interroge les transformations du système électrique français à l'issue de cette « transition énergétique » au regard de l'héritage de l'énergie nucléaire et de son architecture de grand réseau. Les énergies « renouvelables » s'inscrivent désormais dans ce modèle français du productivisme électrique. Cependant, des recherches émergentes sur les low-tech et des pratiques populaires d'inter-subsistance permettent de repenser les questions énergétiques.

While the idea of developing ''renewable'' energies as part of an ''energy transition'' towards a less carbon-intensive energy mix may seem consensual, in practice the thousands of local projects scattered across France are encountering fierce protests involving tens of thousands of people. Based on a qualitative survey of interviews and observations, this thesis examines the conflicts surrounding the development of industrial wind turbines in rural areas of eastern France. These energy infrastructures have concentrated as ''wind reactors'' in rural margins that have suffered multiple crises in recent decades. In addition, these rural areas are characterized by an over-representation of the working classes, which can be explained by the various protections (landscape, environmental, heritage, etc.) in the bourgeois countryside and the victorious mobilizations of these social classes to defend their environment (castle owner, winegrowers, neo-rural populations). However, there was considerable resistance to the environmental and socio-spatial inequalities generated, and this research explores in particular the reactions of dominated social groups (working classes, marginalized farmers, etc.). Faced with this situation, industrialists and public authorities are devising strategies to make this new extractivism possible. New participatory mechanisms are deployed (door-to-door, etc.), as well as economic instruments such as different types of local investment (''participatory'', ''citizen'', etc.). Moreover, in the face of contestation over the environmental damage caused by these new infrastructures, technical and ecological measures are being put in place. In the final section, this research examines the transformations of the French electricity system as a result of this ''energy transition'', with regard to the legacy of nuclear power and its large-grid architecture. ''Renewable'' energies are now part of this French model of electrical productivism. However, emerging research into low-tech and popular practices of inter-subsistence are rethinking energy issues.