Corps de l'écrivain et corps fictionnels : violence et corps violentés dans le roman francophone d'Afrique centrale
Auteur / Autrice : | Benicien Benitho Bouchedi Nzouanga |
Direction : | Paul Dirkx, Dominique Ranaivoson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, Littératures et Civilisations |
Date : | Soutenance le 11/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ECRITURES - Centre de Recherche «écritures» (Metz) |
Jury : | Président / Présidente : Yolaine Parisot |
Examinateurs / Examinatrices : Paul Dirkx, Dominique Ranaivoson, Claudia Gronemann, Romuald Fonkoua, Pierre Halen | |
Rapporteur / Rapporteuse : Claudia Gronemann, Romuald Fonkoua |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La littérature francophone d'Afrique centrale est un ensemble hétérogène de productions et d'espaces de production reliés entre eux par la langue de l'ex-colonisateur. Ce lien sociohistorique suggère que les espaces concernés, c'est-à-dire le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon et le Zaïre qui ont été choisis pour cette étude, forment des univers non indépendants de leurs conditions d'engendrement sociales, historiques et corporelles. Nés et socialisés dans cette région, les écrivains d'Afrique centrale sont, à des degrés divers, sensibles aux transformations sociales et notamment aux mutations des différentes formes de violence qui fragilisent les structures sociales et brutalisent les corps. Dans cette perspective, les corps apparaissent comme des moyens d'expérimentation, d'expression et d'évaluation de la violence symbolique. L'hypothèse qui nous guide est que le traitement de la violence à travers les corps et le traitement des corps eux-mêmes opèrent ainsi comme des vecteurs importants de l'écriture romanesque africaine francophone, telle que l'illustre du moins notre corpus. Vecteurs de l'écriture et vecteurs de la société du roman, les corps violentés apparaissent comme des corps proprement sociolittéraires. Les représentations des corps violentés et les descriptions des milieux tensiogènes dans lesquels évoluent les personnages entretiennent, c'est du moins ce que cette thèse essaie de démontrer, des similitudes avec le corps de l'écrivain lui-même. Nous verrons que certains auteurs inscrivent dans leurs romans des personnages d'écrivain dont la corporéité et les prises de positions face à la violence correspondent à celles des écrivains eux-mêmes. D'une manière plus générale, comme l'argumente Pierre Bourdieu, les prises de positions littéraires homologues des écrivains s'expriment par des actes et des discours politiques extralittéraires, « ce qui impose de récuser l'alternative entre la lecture interne de l'œuvre et l'explication par les conditions sociales de sa production ou de sa consommation ».