Caractérisation in situ et modélisation de la stabilité thermomécanique de l'austénite résiduelle dans les aciers TRIP moyen manganèse
Auteur / Autrice : | Mathias Lamari |
Direction : | Sébastien Allain, Guillaume Geandier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences des matériaux |
Date : | Soutenance le 12/04/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale C2MP - Chimie mécanique matériaux physique (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Jean Lamour (Nancy ; Vandoeuvre-lès-Nancy ; Metz) |
Jury : | Président / Présidente : Delphine Retraint |
Examinateurs / Examinatrices : Sébastien Allain, Guillaume Geandier, Patricia Verleysen, Matthieu Mazière, Roxane Arruffat-Massion, Mingxin Huang | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Patricia Verleysen, Matthieu Mazière |
Résumé
Les aciers moyen manganèse appartiennent à la famille des aciers à très haute résistance mécanique (THR) de 3ème génération. Leurs propriétés exceptionnelles sont dues à leurs microstructures duplex particulières, qui contiennent une matrice ''ferritique'' de taille micrométrique et une quantité importante d'austénite résiduelle. Cette nouvelle génération d'aciers est considérée comme l'une des meilleures possibilités par les constructeurs automobiles pour continuer à améliorer la sécurité des véhicules légers tout en réduisant leur consommation d'énergie et donc leur empreinte environnementale. La bonne formabilité et la résistance élevée de ces aciers sont expliquées par la transformation martensitique induite par la déformation (SIMT) de l'austénite résiduelle pendant un chargement mécanique. La transformation progressive de l'austénite ductile en martensite dure provoque une augmentation rapide de l’écrouissage macroscopique de l'acier, mécanisme connu sous le nom d'effet de plasticité induite par la transformation (TRIP). La compréhension et la modélisation de la stabilité de l'austénite résiduelle et de la réponse mécanique associée de ces aciers sont donc d'un grand intérêt à la fois scientifique et industriel. Huit microstructures différentes ont été conçues sur la base de calculs thermodynamiques afin d'évaluer l'effet respectif de la morphologie, de la composition et de la taille des grains sur la stabilité de l'austénite. La formation des microstructures duplex lors du recuit intercritique a été caractérisée in situ par des expériences de diffractions des rayons X haute énergie (DRXHE) sur la ligne de lumière synchrotron. En plus de mesurer les cinétiques d'austénitisation en utilisant la méthode d’affinements Rietveld, ces expériences révèlent les mécanismes de précipitation/dissolution des carbures lors du chauffage et les grandes contraintes hydrostatiques résiduelles à l'échelle des phases obtenues après le refroidissement final. L'origine de ces contraintes hydrostatiques a été expliquée et quantifiée à travers un modèle. Un travail exhaustif de microscopie électronique à balayage (SEM) et de microsonde de Castaing a également été effectué pour mesurer les tailles et les compositions chimiques des différentes phases de la microstructure. Le comportement mécanique en traction des aciers étudiés a été mesuré en combinaison avec des expériences HEXRD et des mesures de corrélation d'images numériques (DIC). Ces expériences in situ uniques permettent de mesurer simultanément les cinétiques SIMT, la répartition des contraintes en 3D entre les phases (à savoir la ferrite, l'austénite et la martensite) en utilisant les méthodes des sin²ψ et les déformations locales le long des éprouvettes. Ceux-ci servent en particulier à caractériser les bandes de Lüders et de Portevin-Le Chatelier (PLC) qui affectent les aciers moyen Mn étudiés. Toutes ces données expérimentales ont servi à développer un modèle micromécanique à champ moyen innovant pour prédire le comportement en traction des aciers moyen Mn avec des microstructures austénite-ferrite-martensite. Il repose sur la description des comportements locaux de chaque phase et de la SIMT, tous deux étalonnés sur nos expériences HEXRD. Les écrouissages de l'austénite et de la ferrite sont modélisés grâce à un modèle sensible à la taille basées sur les densités de dislocations. Le comportement de la martensite fraîche et induite par la déformation est considéré, au contraire, comme une transition élastique/plastique étendue. Les cinétiques SIMT sont basées sur une évaluation thermodynamique de la stabilité de l'austénite résiduelle inspirée par le travail pionnier d'Olson et Cohen. Le modèle montre une excellente concordance avec les observations expérimentales.