Thèse soutenue

Quel lien entre efforts de prévention et performance économique des entreprises : une étude économétrique

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Auteur / Autrice : Balla Khouma
Direction : Olivier Damette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 14/04/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SJPEG - Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bureau d'économie théorique et appliquée (Strasbourg ; 1972-....)
Jury : Président / Présidente : Agnès Gramain
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Damette, Thomas Barnay, Christine Le Clainche
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas Barnay, Christine Le Clainche

Résumé

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Depuis 1946, la législation française en matière de protection de la santé des travailleurs n’a cessé d’être renforcée au profit de la prévention des risques professionnels. Toutefois, les AT-MP (Accidents du travail et Maladies professionnelles) restent encore fréquents dans les entreprises. Ils se traduisent non seulement par de graves blessures voire des décès mais aussi par de conséquentes pertes de temps de travail et d’altérations de la production. L’évaluation de leurs conséquences économiques sur la performance des entreprises est, en ce sens, opportune afin d’éclairer celles-ci sur les potentiels coûts associés aux sinistres et in fine de les encourager à investir plus efficacement dans la prévention.Cette thèse entend contribuer à cet enjeu en explorant la manière dont s’articulent prévention des risques professionnels et performance économique au sein des entreprises. A partir des théories économiques de la croissance et du capital humain, elle modélise la performance de l’entreprise à partir d’une fonction de production de type Cobb-Douglas intégrant, en sus des facteurs traditionnels, la prévention comme proxy de la composante santé du capital humain. La variable prévention est approchée par la fréquence et la gravité des AT-MP et la performance économique est mesurée par la valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation. La combinaison de ces différents indicateurs nous permet de capter à la fois les pertes de productivité et les charges sociales consécutives aux AT-MP.L’évaluation économétrique, sur la base d’un échantillon de près de deux millions d’entreprises françaises suivies de 2003 à 2017, mobilise l’approche instrumentale sur données de panel de Hausman-Taylor afin de minimiser les potentiels biais d’endogénéité et d’identifier un effet causal de l’intensité de la sinistralité AT sur le niveau de performance. Les résultats montrent que l’évolution des AT, que ce soit en termes de fréquence ou de gravité, affecte immédiatement et, de manière significative, les indicateurs de performance économique. Cet effet est persistant jusqu’à l’année suivante a minima. Ceteris paribus, une hausse de 10 % de la fréquence des AT diminue en moyenne la valeur ajoutée de 0,17 % et l’excédent brut d’exploitation de 0,13 %. Il en va de même pour l’augmentation de la gravité qui se traduit par des baisses de la valeur ajoutée et de l’excédent brut d’exploitation respectives de 0,11 % et 0,24 %.Ces effets négatifs sur la performance se confirment au niveau sectoriel aussi bien à l’échelle nationale qu’européenne. Intégrant dans les indicateurs de sinistralité des informations relatives aux MP (non disponibles au niveau individuel d’entreprise), l’évaluation sur données françaises agrégées s’appuie sur un panel de 83 secteurs d’activité observés sur la période 2014-2018. Elle indique qu’une augmentation de la fréquence ou de la gravité des AT-MP de 10 % va de pair avec une baisse de productivité de 0,23 à 0,26 %. L’analyse sur données européennes généralise quant à elle les résultats dans d’autres pays ayant une structure économique et/ou une législation différente de celle de la France en matière de prévention. Il en ressort que dans 11 secteurs suivies de 2008 à 2018 dans 26 pays d’Europe dont la France, lorsque les AT augmentent de 10 %, la valeur ajoutée diminue de 0,59 % et l’excédent brut d’exploitation de 1,04 %.