Thèse soutenue

Étude multi-sites de la réponse de la fertilité chimique des écosystèmes forestiers dans un contexte de changements (dépôts atmosphériques et substitution d’essences)

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Auteur / Autrice : Margaux Clesse
Direction : Bernhard ZellerGregory Van der HeijdenArnaud Legout
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie et écologie des forêts et des agrosystèmes
Date : Soutenance le 28/02/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biogéochimie des Écosystèmes Forestiers (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Étienne Dambrine
Examinateurs / Examinatrices : Bernhard Zeller, Gregory Van der Heijden, Quentin Ponette, Anne-Désirée Schmitt, Anne Poszwa, Sophie Cornu
Rapporteurs / Rapporteuses : Quentin Ponette, Anne-Désirée Schmitt

Résumé

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Les écosystèmes forestiers se développent souvent sur des sols acides et pauvres en nutriments. Dans de nombreuses régions, les dépôts atmosphériques acides élevés (acides sulfurique et nitrique) ont considérablement accéléré l'acidification des sols et des eaux de surface au cours de la seconde moitié du XXe siècle, entraînant fréquemment une dégradation de la fertilité des sols et le déclin des forêts. En sus, la sélection et/ou la substitution d'essences par la gestion forestière peuvent également avoir un effet important sur le fonctionnement biogéochimique des sols et des écosystèmes forestiers. Dans ce contexte, leur durabilité est remise en question et il est nécessaire de quantifier l'évolution de la fertilité chimique des écosystèmes forestiers face à ces pressions et de mieux comprendre leur fonctionnement biogéochimique, afin d'assurer une gestion durable des forêts. Les objectifs principaux de cette thèse sont de i) quantifier l'évolution de la fertilité chimique d'écosystèmes forestiers en utilisant quatre méthodes de diagnostic : ré-échantillonnage du sol, suivi des solutions de sol, des concentrations foliaires et calcul du bilan « entrées-sorties », ii) comprendre les mécanismes sous-jacents à cette évolution et iii) comparer les diagnostics obtenus par les différentes méthodes, en prenant en compte l'incertitude autour du bilan. Pour cela, nous avons quantifié l'évolution de la fertilité sur une période de 20 à 30 ans par ces 4 méthodes, sur des placettes monospécifiques du site de Breuil-Chenue et sur 8 placettes de niveau III du réseau RENECOFOR. Les résultats ont souligné que l'essence avait un effet sur l'acidification des sols et sur les réserves de cations nutritifs échangeables du sol. Les feuillus semblent acidifier moins intensément les sols que les résineux. Une restauration du pH est observée sous le chêne et le hêtre alors que l'acidification semble se poursuivre sous les résineux, notamment sous le Douglas et le pin et encore plus sous le sapin et l'épicéa. Une acidification des sols et les pertes de nutriments associés ont aussi été mises en évidence sur certains sites RENECOFOR. Le nitrate et le sulfate semblent être les principaux moteurs de l'acidification. Leur origine dépend cependant du site étudié : ils sont parfois issus des dépôts atmosphériques actuels mais des sources internes à l'écosystème peuvent également intervenir via une nitrification excédentaire (surtout sous le Douglas, le pin, le chêne à Breuil et CPS 77) ou une désorption de S dans le sol (surtout sur les sites RENECOFOR). La lixiviation du S et du N et celle des cations associés a tendance à acidifier les sols. Toutefois, la réponse des sites face à l'acidification peut varier, notamment en fonction de la prédominance soit du cycle biologique soit du cycle géochimique. Les sites identifiés avec un cycle géochimique prépondérant (CHS 41, CPS 77, HET 30 et SP 38) ont des réserves en nutriments soutenues davantage par les flux d'altération et de dépôts atmosphériques, alors que ceux dominés par le cycle biologique (EPC 08, EPC 87, PS 67a, SP 57) ont des pools de nutriments renouvelés surtout par les flux de recyclage. Enfin, les résultats ont montré que la comparaison entre les différentes méthodes de diagnostic de fertilité n'est pas aisée. Des écarts dans les diagnostics ont été mis en évidence, avec des résultats parfois contradictoires. La prise en compte de l'incertitude autour du bilan n'explique pas à elle seule les écarts observés avec l'approche par ré-échantillonnage du sol. L'incertitude de choix de modèle pourrait peut-être en partie expliquer l'origine des divergences. Ces travaux mettent en évidence l'importance de continuer les recherches engagées sur i) la compréhension de la réponse des écosystèmes forestiers face aux changements de dépôts atmosphériques et de substitution d'essences et ii) l'évaluation des incertitudes autour des différentes approches de diagnostic de fertilité.