Thèse soutenue

A propos de l'imaginaire de la bande dessinée factuelle (1949-2019) : De l'injonction éducative au triomphe éditorial

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Auteur / Autrice : Maxime Hureau
Direction : Soazig Villerbu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 08/12/2023
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures, Sciences de l’Homme et de la Société (Limoges ; 2022-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches Interdisciplinaires en Histoire, Histoire de l'Art et Musicologie (Poitiers ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : Sylvain Venayre
Examinateurs / Examinatrices : Loïc Artiaga, Sylvain Lesage
Rapporteur / Rapporteuse : Charlotte Krauss, Danielle Chaperon

Mots clés

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Résumé

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Définie par contraste avec la bande dessinée fictionnelle pour désigner une production se donnant pour but de décrire le réel, de dire le vrai ou de transmettre des savoirs, la bande dessinée factuelle connaît un succès grandissant. Nous nous sommes alors proposé de relire l'histoire de la bande dessinée publiée en France à travers ce prisme, depuis les discours prescriptifs de 1949, de l'ordre de l'injonction éducative, aux succès éditoriaux contemporains qui paraissent parfois excéder le champ de la bande dessinée. Au carrefour de l'histoire culturelle et littéraire, ce travail tente de rendre compte de la construction de l'imaginaire de la bande dessinée factuelle, ce qui suppose de se saisir des œuvres comme matière principale. A travers des supports très divers, dont des illustrés et des titres de la presse quotidienne, des magazines, de nombreux albums, quelques fanzines ou blogs autobiographiques ainsi que des « romans graphiques », ce travail a d'abord vocation à mettre en exergue un large corpus dans sa cohérence et ses tensions. Confronté par conséquent à des productions tantôt négligées tantôt bien identifiées par ailleurs, nous avons souhaité intégrer une réflexion sur le statut culturel de la bande dessinée comme composant actif de l'imaginaire étudié. A chaque transformation importante du champ, il est en effet apparu que la factualité était investie différemment, dialoguant ainsi avec les représentations à l’œuvre. D'abord, à partir de 1949, la factualité soutient la respectabilité de la bande dessinée, alors marquée par un ton particulièrement conservateur, entre des récits éducatifs courts et des aventures biographiques édifiantes. Ceux-ci jouent probablement un rôle dans l'affirmation de la bulle en France face, à cette époque, à différents types d'iconotextes factuels (récits en image, bande verticale) également analysés dans ce travail. La factualité devient ensuite un repoussoir dans les années 1970 pour de nouveaux magazines qui, lorsqu’ils ne l'ignorent pas, la tournent en satire. En parallèle, des éditeurs plus institutionnalisés reviennent eux à l'Histoire en « bandes dessinées », considérant que cette dernière pouvait être éducative et non seulement à contrôler. Par un pas de côté, les éditeurs alternatifs ont bénéficié dans les années 1990, avec l'autobiographie et le reportage, d'un espace de revendication auctoriale inouïe, mêlant représentation d’artiste et discours plus ou moins critiques sur le monde. L'étude de tirages et des prix décernés en festivals (dont Angoulême) met en lumière la massification de cette production, qui est aussi une étape dans l’institutionnalisation de la bande dessinée à partir d'un imaginaire revenant à l'éducation tout en capitalisant sur la figure auctoriale comme approche subjective. Suivant cette épistémologie, l'usage académique très récent de la bande dessinée, appuyé par le genre de l'essai, pourrait alors ouvrir à une autre étape de l'institutionnalisation de la bande dessinée en France.