Thèse soutenue

Le rôle des résidus agricoles dans des stratégies de bioéconomie durables et comment le retour de carbone aux sols conditionne la performance environnementale de ses stratégies

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Christhel Andrade Diaz
Direction : Lorie HamelinEzequiel Zamora-Ledezma
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie des Procédés et de l'Environnement
Date : Soutenance le 23/06/2023
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, énergétique, génie civil et procédés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Etienne Paul
Examinateurs / Examinatrices : Sonja Keel, Jean-François Soussana, Florent Levavasseur
Rapporteurs / Rapporteuses : Birka Wicke, Jørgen E. Olesen

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les résidus de cultures sont une matière première essentielle pour fournir du carbone renouvelable la bioéconomie du futur, et ce en raison de leur abondance relative, de leur flexibilité pour approvisionner plusieurs voies bioéconomiques et parce qu’ils n’impliquent pas de concurrence alimentaire directe. Néanmoins, lorsqu'ils sont laissés au champ, les résidus de culture contribuent à maintenir le bilan carbone du sol. Or, ce compromis entre approvisionnement de la bioéconomie et maintien des stocks de carbone du sol reste mal étudié. En France, par exemple, il est recommandé de maintenir au moins 41% des résidus techniquement récoltables sur les sols pour éviter les pertes de carbone organique du sol (COS). Cependant, ces recommandations ne prennent pas en compte l'utilisation finale des résidus, et le fait que certaines chaines de conversion impliquent, en plus du produit bioéconomique souhaité, un co-produit riche en carbone récalcitrant pouvant être restitué aux sols.Cette thèse vise donc à comprendre les interactions entre le retour au sol des co-produits de la bioéconomie et la dynamique du COS à long terme, dans un contexte de récolte neutre en C. Le terme “récolte neutre en C” est défini comme une situation où la récolte des résidus de culture ne diminue pas les stocks de COS à long terme par rapport à une situation de référence (BAU) où les résidus de culture ne sont pas récoltés, et ce en raison du retour au sol des co-produits de la bioéconomie. La thèse détermine ainsi, de manière spatialement explicite pour cinq chaines de conversion bioéconomiques, la quantité de résidus de culture pouvant être récoltée pour alimenter la bioéconomie tout en assurant une récolte neutre en carbone. Une échelle nationale a été considérée et deux contextes agricoles distincts ont été étudiés : en milieu tempéré (France) et tropical (Equateur). Une granularité spatiale fine comportant plus de 16,000 unités de simulation par pays a été appliquée sur une échelle temporelle allant jusqu’à 100 ans. Une revue de littérature a été réalisée sur les taux de conversion des résidus de culture en co-produits de la bioéconomie, ainsi que la récalcitrance inhérente à ces co-produits, pour cinq technologies (co-produits entre parenthèses) : i) pyrolyse (biochar), ii) gazéification (char), iii) liquéfaction hydrothermale (hydrochar), iv) digestion anaérobie (digestat) et v) production d'alcool lignocellulosique (fraction solide et mélasse). Une base de données harmonisée répertoriant plus de 600 entrées et 20 types de résidus de culture a ainsi été mise en place, ce qui a permis d’extraire les coefficients moyens de conversion du C (CC) et de récalcitrance (CR) pour les co-produits étudiés.Un nouveau cadre d’analyse a ensuite été développé afin d’intégrer les coefficients CC et CR des co-produits étudiés dans deux modèles de simulation dynamique du C du sol, soit AMG (pour le contexte tempéré) et RothC (pour le contexte tropical). Dans le cas de RothC, le “priming effect” exercé par l'apport des co-produits sur les sols a également été considéré. Ces extensions ainsi produites pour AMG et RothC permettent désormais d’intégrer les co-produits dérivés de la bioéconomie dans les modèles de simulation du carbone du sol.Finalement, une analyse de cycle de vie (ACV) conséquentielle a été réalisée afin de mettre en lumière, dans une perspective holistique considérant tant l’utilisation du produit principal (biocarburants maritimes ici) que le retour au sol du co-produit, d’éventuels compromis et transferts d’impacts entre récolte neutre en carbone et performance environnementale globale, et ce sur la base de 16 indicateurs environnementaux. L'intégration des résultats de la modélisation COS, possible grâce aux outils développés dans cette thèse, avec les conclusions de l'ACV permet d’éclairer la décision publique quant à la gestion et priorisation des résidus de culture dans le cadre de transitions nationales vers des économies à bas C fossile.