Thèse soutenue

Dispersion, fourragement et cognition du frelon à pattes jaunes : vers de nouveaux moyens de lutte

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Auteur / Autrice : Mathilde Lacombrade
Direction : Hervé AubertMathieu Lihoreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Electromagnétisme et Systèmes Haute Fréquence
Date : Soutenance le 23/11/2023
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Génie électrique, électronique, télécommunications et santé : du système au nanosystème (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes (Toulouse ; 1968-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Devaud
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Aubert, Mathieu Lihoreau, Jean-Marc Devaud, Anne-Nathalie Volkoff, Antoine Couto
Rapporteurs / Rapporteuses : Cédric Alaux, Claire Detrain

Mots clés

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Résumé

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Le nombre d’espèces invasives dans le monde ne cesse d’augmenter. Celles-ci peuvent engendrer des problèmes économiques et écologiques en déséquilibrant les écosystèmes dans lesquels elles sont introduites. En 2004, le frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax, a été accidentellement introduit en France. Depuis, ce frelon invasif s’est dispersé dans 11 pays européens. Le régime alimentaire du frelon asiatique est composé à plus de 30% d’abeilles domestiques ce qui impacte la pollinisation et la filière apicole. L’objectif de ma thèse était de comprendre comment le frelon asiatique se disperse et exploite les ressources présentes dans son environnement afin d’améliorer les méthodes de lutte existantes et d’en proposer de nouvelles. Pour cela, j’ai combiné plusieurs approches expérimentales en laboratoire et sur le terrain pour étudier à la fois le frelon asiatique et les espèces non-cibles potentiellement affectées par ces méthodes de lutte (bourdons, guêpes). Je me suis d’abord intéressée au comportement des frelons. Dans le chapitre 1, j’ai étudié les mécanismes qui pourraient expliquer la rapidité de dispersion de l’espèce en Europe. Grâce à une approche de science participative, j’ai démontré que les fondatrices de frelons asiatiques sur les fronts d’invasion ont des phénotypes alaires favorisant une meilleure capacité de dispersion. Ces traits semblent résulter d’un phénomène évolutif de tri spatial. Dans le chapitre 2, je me suis intéressée à l’utilisation des informations visuelles et sociales permettant aux frelons de trouver de la nourriture et donc de s’adapter à de nouveaux milieux au cours de leur dispersion. J’ai montré que les frelons apprennent à reconnaître les sources de nourriture grâce à des signaux visuels et qu’ils sont capables de modifier ces apprentissages en fonction de l’abondance des ressources. J’ai également montré l’existence d’une influence sociale qui permet aux frelons asiatiques de sélectionner les sources de nourriture déjà occupées par d’autres frelons et donc potentiellement d’augmenter leur efficacité de fourragement. Cette attraction sociale sur les sites de nourriture pourrait être utilisée dans les méthodes de piégeage sur les ruchers. Sur la base de ces travaux, j’ai ensuite exploré de nouvelles méthodes de lutte contre le frelon asiatique. En particulier, dans le chapitre 3, j’ai relaté ma participation au développement d’un système de tracking basé sur le fonctionnement de radars à ondes électromagnétiques. J’ai obtenu les premières trajectoires de vol de frelons en trois dimensions. J’ai aussi rendu compte d’une expérience qui démontre que les ondes millimétriques émises par ces radars ne sont pas détectées par les insectes. Dans le futur, ce nouvel outil de tracking permettra de suivre les déplacements des frelons et d’aider à la localisation des nids. Dans le chapitre 4, j’ai évalué l’efficacité d’un parasite, Metarhizium robertsii, contre le frelon asiatique et ses potentiels effets indésirables sur les espèces non-cibles. Mes résultats démontrent un effet dose de M. robertsii sur la survie et les comportements de toilettage et/ou alimentaires de ces espèces. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour conclure à l’efficacité de cette méthode de biocontrôle. L’ensemble de mes travaux augmente la compréhension du comportement du frelon asiatique et permet d’apporter des solutions quant à l’amélioration des méthodes qui pourraient diminuer leur pression sur les ruchers. L’impact du frelon asiatique sur les populations d’insectes sauvages est encore mal connu. Cependant, mes travaux sur le comportement de butinage soulignent un rôle potentiellement bénéfique du frelon en tant que pollinisateur. Je discute comment dans des environnements où les pollinisateurs sauvages déclinent, il pourrait être envisagé d’utiliser le frelon asiatique comme pollinisateur tout en préservant les ruchers de sa pression de prédation.