« Faire ses preuves » : trajectoires entrepreneuriales de réfugiés syriens en Jordanie et Egypte (2011-2023)

“Proving oneself” : entrepreneurial trajectories of syrian refugees in Jordan and Egypt (2011-2023)

• Auteur / Autrice : Maya Chehade
• Direction : Jean-Pierre Filiu
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Science politique
• Date : Soutenance le 15/12/2023
• Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
• Ecole(s) doctorale(s) : Institut d'études politiques (Paris). École doctorale
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
• Jury : Président / Présidente : Leïla Vignal
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Filiu, Gilbert Achcar, Gilles Dorronsoro, Hélène Thiollet
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Gilbert Achcar, Gilles Dorronsoro

Mots clés

Mots clés contrôlés

Syrie

Transferts de population

Entrepreneuriat

Égypte

2000-....

Jordanie

Réfugiés syriens

Mots clés libres

Migration forcée

Capital

Trajectoires entrepreneuriales

Réfugiés syriens

Forced migration

Capital

Entrepreneurial trajectories

Syrian refugees

Résumé

Cette thèse porte sur les trajectoires entrepreneuriales de réfugiés syriens en Jordanie et Égypte entre 2011 et 2023. Elle analyse l’impact de leurs activités entrepreneuriales sur leurs conditions sociales et économiques dans ces pays d’accueils. Cette recherche contribue principalement à différents corpus de littérature sur les migrations forcée, la sociologie de l’entrepreneuriat et les politiques internationales de gouvernance des migrations.L’analyse des trajectoires entrepreneuriales de ces réfugiés syriens en Jordanie et Égypte met en exergue leurs stratégies de mobilisation de ressources et capacités en exil. La thèse explore tout d'abord leurs activités entrepreneuriales à travers le concept de capital en observant les dynamiques d’accumulation et de conversion des capitaux sociaux, économiques, culturels, humains et symboliques de ces entrepreneurs en exil. Elle révèle l’importance de l’accumulation du capital social et symbolique dans leurs insertions économiques en Égypte et Jordanie.L’analyse de ces trajectoires entrepreneuriales à travers le concept de capital social a permis l’identification d’une transformation d’une identité syrienne en exile. Partant du concept de « communautés imaginées » de Benedict Anderson, ce travail fait le constat d’une « ré-imagination » de la Syrie au sein de la diaspora syrienne en Jordanie et en Égypte. Celle-ci redéfinie la Syrie par ses co-citoyens et relations sociales, plutôt qu’un territoire délimité par des frontières géographiques.Cette analyse montre également que l'entrepreneuriat est bien davantage qu'une activité économique pour les réfugiés syriens en Jordanie et Égypte. En effet, leurs activités entrepreneuriales s’étendent aux organisations de la société civile, qui leur fournissent des ressources économiques et sociales importantes leur permettant de subvenir à leurs besoins sociaux et économiques au sein des pays d’accueils.Enfin, cette thèse met en perspective les politiques internationales de soutien à l’entreprenariat des réfugiés développées dans les pays d’accueils (Jordanie et Egypte) à travers les secteurs de l’humanitaire et du développement économique, alors que les politiques internationales des pays développés poussent les réfugiés à rester dans leurs régions d’origines. La thèse montre que l’entrepreneuriat présente une forme de politique néolibérale permettant aux États de minimiser leurs responsabilités internationales vis-à-vis des réfugiés à travers des politiques d’autosubsistance.

This thesis evaluates how entrepreneurship shaped Syrian refugees’ socio-economic transformations in their trajectories of forced migration in Egypt and Jordan between 2011 and 2023. It argues that entrepreneurial trajectories help better explain some of the key transformations that took place in the lives of Syrian refugees. The thesis offers four main contributions to different bodies of literature as well as producing a professional project in international development. The first contribution of the thesis is tied to entrepreneurship, which has been proven to be more than just an economic activity for Syrian refugees. In fact, the thesis shows that refugees partake in entrepreneurial projects linked to civil society organizations, providing them with valuable resources that enable them to sustain their lives economically and socially. The second contribution relies on Syrian refugees’ identities in transformation, with the thesis depicted a “re-imagination” of Syrian identities in exile, a term borrowed from Benedict Anderson. In fact, Syrian refugees’ forced migration trajectories revealed a redefinition of Syria according to social networks rather than a national territory defined by its geographic borders. The third contribution of this thesis is that capital conversion has proven to be a useful theoretical tool to better understand socio-economic transformations of refugees in host countries. The theoretical framework used in the analysis shows the intersection of different types of capital (economic, social, cultural, human, and symbolic) in refugees’ entrepreneurial trajectories and notes the importance of social and symbolic capital in refugees’ integrations in host countries, enabling them to better mobilize their resources and capacities in Jordan and Egypt’s challenging regulatory environment. Finally, this thesis contributes to the researcher’s professional development, as it shows that entrepreneurship is a solution to “refugee governance” in host countries due to political and international relations dynamics, which are worth considering when advising on international policies or designing programs that encourage self-reliance through entrepreneurship.