Thèse soutenue

L’Ëtat en Somalie : entre autogouvernance et ordre international

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Auteur / Autrice : Robert Kluijver
Direction : Luis Martinez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique, spécialité Relations internationales
Date : Soutenance le 26/01/2023
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : Institut d'études politiques (Paris). École doctorale
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Laetitia Bucaille
Examinateurs / Examinatrices : Luis Martinez, Markus Virgil Höhne, Hélène Thiollet, Jean-François Bayart, Roland Marchal
Rapporteurs / Rapporteuses : Laetitia Bucaille, Markus Virgil Höhne

Résumé

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Dans cette thèse, je soutiens que le but principal de l’intervention de la communauté internationale en Somalie est de renforcer l'ordre international. Les efforts déployés pour construire un État somalien perturbent l’ordre sociopolitique informel et génèrent des conflits. Une étude des origines de l'État moderne démontre que sa particularité est sa prétention à l’universalité. La science politique a contribué à construire le mythe que seul l’État peut générer un ordre politique. Par conséquent, il manque une théorie pour expliquer l’existence en Somalie de l'autogouvernance en absence d’un État. Pour combler cette lacune une Théorie des Deux Pouvoirs est proposée, basée sur les concepts prémodernes de « l’État de Nature » et la distinction entre arbre et rhizome. Elle postule que le champ politique est composé de deux types de pouvoir : le pouvoir social, dont le but est la survie collective ; et le pouvoir de l’État, qui perpétue l’hégémonie des élites dirigeantes. Ce prisme est ensuite utilisé pour examiner les relations historiques entre la société et l'État en Somalie. Les relations internationales des trois ordres politiques qui ont émergé des ruines de l'État somalien – le Somaliland, l’État fédéral et le régime d'Al Shabaab – suggèrent le double nature de l’État, qui sert aux Somaliens pour accéder aux ressources internationales, et à la communauté internationale pour renforcer son hégémonie. Vu les piètres résultats du statebuilding en Somalie et ailleurs, il est temps de reconnaître la double nature du pouvoir et libérer l'imagination politique du joug presque théologique de l’État, pour concevoir d’autres modèles d’ordre politique.