Thèse soutenue

Conception d'une sonde diagraphique neutronique dans le cadre de l'exploration et de l'exploitation minière de l'uranium

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Auteur / Autrice : Valentin Fondement
Direction : Johann CollotBertrand PerotThomas Marchais
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique appliquée
Date : Soutenance le 22/11/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Recherche sur la Fusion par confinement Magnétique (CEA Cadarache, Saint-Paul-lez-Durance)
Jury : Président / Présidente : Elsa Merle
Examinateurs / Examinatrices : Abdallah Lyoussi
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Gall, Jean-Claude Angélique

Résumé

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Cette thèse s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre le CEA et ORANO Mining avec pour objectif de développer une nouvelle sonde diagraphique basée sur l’interrogation neutronique active, dans le cadre de l’exploration et de l’exploitation de l’uranium dont une part importante de la production provient aujourd’hui de mines utilisant la lixiviation in situ. L’extraction chimique du minerai s’effectue directement dans le sol, sur plusieurs centaines de mètres, par injection et collection de solutions chimiques. Pour évaluer la rentabilité du puits, il est non seulement nécessaire de connaitre la quantité d’uranium disponible, mais aussi la perméabilité du milieu géologique. Cette dernière est déterminée en mesurant la « porosité hydrogène », à savoir la fraction volumique de la roche occupée par de l’eau, à l’aide de sondes qui émettent puis mesurent des neutrons ayant diffusé sur les noyaux d’hydrogène. L’uranium, et plus précisément son isotope 235, est aussi mesurable à l’aide de sondes équipées d’un générateur de neutrons pulsé. Ces travaux de recherche ont abouti à la conception d’une sonde permettant de réaliser ces deux mesures avec un unique compteur proportionnel à hélium 3 entouré de polyéthylène et blindé avec du cadmium. Des impulsions de neutrons de durée 50 µs sont émises par le générateur toutes les 5 ms (à 200 Hz). Puis, au cours des 800 µs qui suivent l’arrêt de chaque tir, on mesure les neutrons diffusés dans la formation qui ne sont pas thermalisés entièrement et peuvent encore franchir le blindage en cadmium. On obtient un comptage inversement proportionnel à la quantité d’hydrogène présente dans l’environnement. Sur les millisecondes qui suivent, les neutrons thermiques encore présents dans la roche font fissionner des noyaux d’235U, ce qui émet en moyenne 2.5 neutrons prompts par fission. Une partie de ces derniers sont mesurés par le bloc de détection, tandis que les neutrons du générateur, devenus thermiques 800 µs après l’arrêt du tir, ne peuvent plus franchir le blindage en cadmium. Grace à cette double discrimination, temporelle et énergétique, on peut mesurer le signal des neutrons prompts de fission qui est proportionnel à la concentration en uranium. Le flux de neutrons thermiques interrogateurs étant absorbé par l’hydrogène présent dans l’environnement, on utilise la porosité hydrogène mesurée pour corriger le signal des neutrons prompts de fission. Après avoir étudié par simulation Monte-Carlo les grandeurs affectant les performances de ces deux mesures (diamètre de forage, décentrage de la sonde, épaisseur et matériau de tubage, gangue de boue, lithologie), nous avons validé expérimentalement leur faisabilité en laboratoire. Tout d’abord, plusieurs chaines d’acquisition ont été testées pour pouvoir mesurer des taux de comptage instantanés de l’ordre de 106 s-1, pendant et juste après chaque tir du générateur de neutrons. D’autre part, une sonde maquette de laboratoire a été réalisée et testée dans un fût d’étalonnage rempli de 1.6 t de sable de Fontainebleau, spécialement conçu pour ces essais. Un bon accord entre l’expérience et les simulations a permis de valider la mesure de teneur en uranium et d’appréhender de nouveaux phénomènes, notamment l’activation de l’oxygène 17 responsable d’un bruit d’un fond actif significatif dans les formations siliceuses saturées en eau. La qualification des méthodes de calcul du signal et du bruit a été menée à bien, ce qui a permis d’estimer les performances prévues en situation réelle, notamment des limites de détection entre 10 et 200 ppm en 3 min de mesure pour des porosité hydrogènes respectives de 0 et 40%.