Thèse soutenue

Fragmentation dans les aimants pyrochlore frustrés : théorie et expérience

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Auteur / Autrice : Flavien Museur
Direction : Elsa LhotelPeter Holdsworth
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique de la matière condensée et du rayonnement
Date : Soutenance le 26/05/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Néel (Grenoble, Isère, France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Kenzelmann
Examinateurs / Examinatrices : Radu Coldea, Arnaud Ralko
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrik Henelius, Françoise Damay

Mots clés

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Résumé

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Les aimants frustrés sont une classe fascinante de modèles théoriques autant que de matériaux. Ils ont été exploré avec succès pour tester les limites des paradigmes standard de la physique statistique et pour identifier des transitions de phase exotique. Certains des exemple les plus frappants sont les titanates d'Holmium et de Dysprosium, qui sont des réalisations expérimentales de glace de spins. Dans ces composés, des spins Ising peuplent un réseau pyrochlore en pointant vers l'intérieur ou l'extérieur des tétraèdres formant le réseau. Leurs interactions ferromagnétiques imposent un état fondamentale respectant une contrainte ''two in / two out'' dite règle de la glace. Aucun ordre magnétique n'est trouvé à 50 mk, mais des mesures de diffusion de neutrons montrent que des corrélations en forme de points de pincement se développent dans le facteur de structure. De plus, les mesures de chaleur spécifique ne retrouvent pas l'entropie complète attendue pour des degrés de liberté Ising. Cela amène à une description des glaces de spins en termes d'un champ émergent de divergence nulle, une connexion très importante en physique du solide. Les excitations se comportent comme des défauts topologiques de ce champ et sont appelées monopoles magnétiques. Une conséquence est que le champ émergent est fragmenté en deux composantes, une donnant la charge magnétique et l'autre un vide de charge comportant les fluctuations de divergence nulle. Cette propriété mathématique devient pertinente expérimentalement dans le cas des iridates d'Holmium et de Dysprosium, où les atomes d'Iridium s'ordonnent vers 130 K dans une structure antiferromagnétique et produisent un champ local alterné sur les ions terre rares. La compétition avec l'échange ferromagnétique déplace l'état fondamental vers un cristal de monopoles. Il peut être décrit comme la coexistence d'un ordre antiferromagnétique avec la moitié du moment ordonné, et d'une phase corrélée avec des fluctuations de divergence nulle associée à des points de pincement et une entropie résiduelle. La physique des glaces de spins dipolaire peut dès alors être rassemblée sous la forme d'un diagramme de phase de la fragmentation.L'objectif de cette thèse est d'étendre la connaissance de ce diagramme de phase, sous l'angle d'une proche collaboration entre théorie et expérience. Premièrement, nous étudions la stabilité de la phase fragmentée à très basse température où des fluctuations quantiques peuvent émerger. A l'aide d'un passage à un modèle de dimères, nous nous intéressons tout d'abord à un cas plus simple de fragmentation en deux dimensions. Nous identifions deux phases possibles ainsi qu'un paramètre d'ordre mesurable expérimentalement pour les distinguer. Par la même méthode, nous concluons qu'en trois dimensions le fragment classiquement désordonné s'ordonnerait sous l'action des fluctuations quantiques. Deuxièmement, nous nous intéressons au ruthénate d'Holmium, dont les ions Ho présentent une transition à 1,5 K. A l'aide de mesures magnétiques à basse température, de chaleur spécifique et de diffusion de neutrons nous trouvons que les ions Holmium ont un ordre magnétique partiel, une petite entropie résiduelle et un signal diffus particulier. Nous interprétons ces mesures dans le cadre de la fragmentation comme une nouvelle structure fragmentée, où le fragment ordonné est cette fois de nature antiferromagnétique. Enfin, nous réalisons des mesures plus ambitieuses de diffraction de neutrons et de chaleur spécifique alternative sous pression sur des pyrochlores iridates, dans le but de sonder le diagramme de phase et d'identifier les transitions prédites. Bien que les données expérimentales se soient avérées difficile à analyser, nous avons pu écrire une théorie de champ moyen pour le diagramme de phase complet pour aider à interpréter les observations.