Impact de l'homme et du climat sur l'histoire démographique de 4 espèces emblématiques de papillons des tourbières de Franche Comté, et implications pour la gestion conservatoire
Auteur / Autrice : | Caroline Kebaili |
Direction : | Laurence Després |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biodiversité écologie environnement |
Date : | Soutenance le 18/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier François |
Examinateurs / Examinatrices : Björn Reineking, Annie Guiller | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Aurélie Coulon, Éric Petit |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’érosion de la biodiversité est un enjeu majeur du 21ème siècle. La perte massive d’espèces au cours des dernière décennies a profondément perturbé les écosystèmes et compromis les multiples services qu’ils rendent aux sociétés humaines. Parmi les principaux facteurs de cette érosion se trouvent le réchauffement climatique et la dégradation ou la destruction des habitats du fait des activités anthropiques. Ce dernier facteur contribue à l’augmentation de la fragmentation des habitats et nuit à la connectivité paysagère. Or, elle est essentielle au maintien des espèces vivant au sein de métapopulations et/ou ayant une capacité de dispersion limitée.La connectivité paysagère est une des principales préoccupations des gestionnaires de milieux naturels. C’est le cas pour quatre espèces de papillons des tourbières jurassiennes (la Nacré de la canneberge Boloria aquilonaris, le Fadet de tourbières Coenonympha tullia, le Cuivré de la bistorte Lycaena helle et le Mélibée Coenonympha hero) qui, malgré les nombreux efforts de conservation et la protection de leur habitat par un programme LIFE, montrent encore des signes de déclin et sont inscrites sur les listes rouges UICN françaises et franc-comtoises.Les objectifs de cette thèse étaient (i) d’étudier la structure et la diversité génétiques des populations de ces espèces dans le massif du Jura et de mettre en évidence les éléments de leur histoire démographique post-glaciaire qui avaient pu contribuer à cette structuration, (ii) de mettre en place une méthodologie permettant de modéliser la mosaïque complexe de milieux qui compose le paysage dans lequel les espèces évoluent, et (iii) de modéliser la connectivité paysagère des espèces afin d’orienter de futures mesures de gestion.L’analyse génétique a révélé des états de conservation variables pour les quatre espèces, montrant une situation préoccupante pour C. tullia et B. aquilonaris et plutôt stable pour L. helle et C. hero. L’histoire démographique est commune et dévoile une recolonisation post-glaciaire du massif jurassien par le Nord. La comparaison de graphes génétiques et paysagers s’est montrée efficace pour paramétrer les surfaces de résistance paysagère complexes et ses résultats ont été utilisé pour modéliser la connectivité, en association avec des données écologiques à dires d’expert. Une zone à fort enjeu de conservation, située au centre du massif, a été identifiée pour L. helle, C. tullia et B. aquilonaris, ainsi qu’une déconnexion apparente avec les autres régions de massif, au moins pour les deux dernières espèces.L’intérêt démontré de l’utilisation conjointe de données génétiques et écologiques pour analyser la connectivité, issue de la proche collaboration entre la recherche et le terrain, illustre la complémentarité de la modélisation et du suivi de terrain pour la conservation de la biodiversité.