Rôle de la dimérisation de Mmi1, protéine à domaine YTH liant l'ARN, dans la répression chromatinienne et multimodale de l’expression génique
Auteur / Autrice : | Auriane Rakitch |
Direction : | André Verdel, Daniel Perazza, Leila Todeschini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie du développement oncogenèse |
Date : | Soutenance le 10/11/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Winfried Weissenhorn |
Rapporteur / Rapporteuse : Ramesh Pillai, Pei-Yun Jenny Wu |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La régulation de l’expression des gènes, processus durant lequel l’ADN est transcrit en ARN messager qui est ensuite traduit en protéine, est au cœur des processus essentiels à la vie cellulaire, à l’adaptabilité aux stress environnementaux, à la prolifération et à la différentiation. Au cours des deux dernières décennies, l’ARN s’est révélé être, en plus, un acteur majeur de la régulation de l’expression génique, en particulier dans l’environnement de la chromatine. Toutefois, les modes de régulation mis en jeu et leur coordination restent en grande partie à définir. Mon projet de thèse s’est concentré sur ces aspects chez la levure à fission Schizosaccharomyces pombe, un organisme de référence dans ce domaine recherche.Chez S. pombe, la protéine de liaison à l’ARN Mmi1 contrôle l’entrée et la progression de la différenciation sexuelle, en réprimant l’expression de gènes liés à ce processus durant le cycle végétatif. La protéine Mmi1 agit aussi bien à la chromatine que dans le nucléoplasme. Elle est l’unique représentante de la famille des protéines de liaison à l’ARN à domaine YTH, protéines conservées chez la majorité des eucaryotes. Par l’intermédiaire de son domaine YTH, Mmi1 se lie avec une grande spécificité à ses ARN cibles et induit un « silencing » de l’expression de leur gène à plusieurs niveaux. En effet, la liaison de Mmi1 aux ARN en cours de synthèse induit la formation d’hétérochromatine, la terminaison de transcription, leur dégradation et un blocage de leur export vers le cytoplasme. Comment la liaison de Mmi1 à l’ARN induit-elle et coordonne-t-elle ces régulations chromatiniennes, co-transcriptionnelles et post-transcriptionnelles pour réprimer efficacement l’expression génique ? Cette question a été au centre de mon projet de thèse. Je me suis tout particulièrement intéressée à définir le rôle de la dimérisation de Mmi1 et de la machinerie qu’elle recrute à l’ARN.Les travaux entrepris ont ainsi permis de définir le rôle de la protéine Erh1 – fortement conservée au cours de l’évolution et qui permet la dimérisation de Mmi1 – dans la mise en place du « silencing » multimodal induit par Mmi1. Ces travaux démontrent le rôle essentiel de la dimérisation de Mmi1 dans le recrutement ARN-dépendant de Mmi1 à la chromatine, dans la formation d’hétérochromatine et dans la répression co-transcriptionnelle. Ils révèlent par ailleurs que Mmi1 induit également de la rétention d’introns au niveau de ses ARNs cibles et que Erh1 et la dimérisation de Mmi1 médiée par Erh1 jouent un rôle critique dans cette nouvelle fonction répressive. En parallèle, j’ai identifié un domaine d’homodimérisation au sein de Mmi1 et montré son rôle essentiel dans la sélectivité du « silencing » chromatinien de l’expression génique. Enfin, j’ai contribué à montrer que, au-delà de la simple dimérisation de Mmi1, la machinerie de dégradation des ARN, recrutée à l’ARN par Mmi1, dimérise également. Cependant, l’inhibition de cette dimérisation à elle seule n’a pas d’effet majeur sur la mise sous silence de l’expression génique induite par Mmi1.L’ensemble de ces résultats montre l’importance de la dimérisation de Mmi1 pour sa localisation à la chromatine et pour la répression chromatinienne et co-transcriptionnelle qu’elle induit en se liant aux ARN naissants. Ils soulèvent la question de la conservation des mécanismes identifiés au cours de l’évolution au sein de la famille de protéines YTH. Plus généralement, ils mettent en lumière l’importance que la dimérisation de protéines liant l’ARN peut avoir dans leur adressage à la chromatine, dans la régulation chromatinienne et co-transcriptionnelle de l’expression génique et dans la régulation de processus biologiques fondamentaux comme la différenciation cellulaire.