Lien entre le cannabis médicinal et l'axe de signalisation autotaxine acide lysophosphatidique : développement d'inhibiteurs inspirés des cannabinoïdes
| Auteur / Autrice : | Mathias Eymery |
| Direction : | Andrew McCarthy, Ahcène Boumendjel |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Biologie structurale et nanobiologie |
| Date : | Soutenance le 02/10/2023 |
| Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : European molecular biology laboratory (Grenoble, Isère, France ; 1976-....) |
| Jury : | Président / Présidente : Olivier Peyruchaud |
| Examinateurs / Examinatrices : Wim Burmeister, Joanna Timmins | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Le Borgne, Anastassis Perrakis |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L'autotaxine (ATX) est une lysophospholipase D de 115-125 kDa impliquée dans une large gamme de processus physiologiques et pathologiques. Cette enzyme fait partie de la famille des ectonucléotides pyrophosphatases/phosphodiestérases et elle est également appelée ENPP2. L'ATX est principalement impliquée dans le métabolisme des phospholipides et la production d'acide lysophosphatidique extracellulaire (LPA) à partir de l'acide lysophosphatidylcholine (LPC). Aussi, la structure de l’autotaxine a été largement étudiée et repose sur (i) deux domaines flexibles de type somatomédine B (SMB), impliqués dans les interactions protéine-protéine, (ii) un domaine phosphodiestérase conservé responsable de l'activité catalytique, et (iii) un domaine nucléase inactif. Les informations structurales sur l'ATX montrent que le site actif contient deux ions zinc, permettant la liaison et le clivage de la lysophosphatidylcholine. Un point majeur de la reconnaissance du substrat par le site actif ATX est la présence d'une poche hydrophobe, permettant l'accommodation du LPA et du LPC. L'implication de l'ATX dans un large éventail de maladies humaines peut être mise en évidence à la fois par la recherche fondamentale et les essais cliniques. Il a été démontré que l'ATX favorise de façon importante la progression du cancer et les métastases car cette enzyme est responsable de la génération de LPA. Le LPA est un facteur de croissance, régulant de nombreuses fonctions cellulaires différentes, dont certaines sont importantes pour les cellules cancéreuses. Notamment, il a été montré que le LPA est un facteur de motilité cellulaire et que l'inhibition de l'ATX entraîne une réduction de l'invasion cellulaire in vitro du fait de la diminution de la concentration de LPA dans les fluides environnants. Divers inhibiteurs de l'ATX ont déjà été développés et certains font actuellement l'objet d'essais cliniques. Cependant, les composés avec des paramètres pharmacocinétiques satisfaisants et une faible toxicité sont limités.De plus, la distribution de l'ATX est spécifique aux tissus et la plupart des recherches se sont concentrées sur les isoformes β et α. Pour l’ATX-γ, vraisemblablement liée à de nombreuses maladies neurologiques, une compréhension plus approfondie est nécessaire pour concevoir et développer des inhibiteurs plus spécifiques de cette isoforme et pour comprendre pleinement son rôle physiopathologique.Récemment, nous avons découvert que l'ATX était inhibée par divers cannabinoïdes. En particulier, le THC et le delta 6a,10a-THC réduisent l’activité catalytique de l'ATX en tant qu'inhibiteurs de type mixte à des concentrations nanomolaires. Les paramètres pharmacocinétiques des cannabinoïdes sont largement étudiés et il existe un consensus sur le fait qu'ils traversent la BHE et se lient aux récepteurs CB1 et CB2, ce qui en fait un point de départ idéal pour inhiber spécifiquement l'ATX dans le cerveau. Bien que les cannabinoïdes se soient révélés être d'excellents inhibiteurs de l'ATX, leurs inconvénients majeurs concernent la réglementation, la législation et l'acceptation par les patients, les rendant moins désirables pour le développement pharmaceutique, mais permettant l’émergence d’inhibiteurs de l’ATX inspirés des cannabinoïdes. Ainsi, nous avons utilisé le THC comme base pour explorer diverses molécules présentant une similarité chimique et structurale partielle, en particulier de la famille des benzopyrènes, telles que les chromones et les flavones d'origine naturelle. Le processus de criblage, d'identification et d'optimisation nous a permis d'identifier MEY-003. Le profil d'inhibition de MEY-003 a été rationalisé grâce à des études de biologie structurale. MEY-003 a une structure unique par rapport aux inhibiteurs de l'ATX publiés précédemment, ce qui pourrait potentiellement conduire au développement de nouveaux médicaments ciblant l'axe ATX-LPA avec moins d'effets secondaires.