Thèse soutenue

Etude de la polarité cellulaire et de la motilité du protozoaire Toxoplasma gondii par une approche biologique et biophysique combinée

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Auteur / Autrice : Luis Miguel Vigetti
Direction : Isabelle Tardieux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie structurale et nanobiologie
Date : Soutenance le 16/10/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Guy Royal
Examinateurs / Examinatrices : Markus Meissner, Isabelle Florent
Rapporteur / Rapporteuse : Delphine Delacour, Catherine Lavazec

Résumé

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Toxoplasma gondii est un microbe eucaryote unicellulaire du phylum des parasites Apicomplexa, qui dépend strictement de cellules pour son cycle de vie chez un large spectre d'hôtes homéothermes, dont l'homme. T. gondii a développé différents stades de développement infectieux appelés zoïtes parmi lesquels le tachyzoïte. Cette cellule polarisée de quelques microns possède une forme arquée dont les deux pôles ont une organisation structurale et fonctionnelle distincte. Le tachyzoïte navigue au sein des matrices extracellulaires et envahit activement les cellules hôtes permissives à la prolifération, en exécutant un mouvement par glissement hélicoïdal. Ce glissement est sous le contrôle de machines supramoléculaires appelées « glideosomes » qui, en position sous membranaire, utilisent des myosines de la classe XIV pour déplacer des filaments d'actine néoformés et dynamiques dans un mouvement antéro-rétrograde sur la longueur du parasite. Quand le flux rétrograde d’actine est couplée à celui d’adhésines ayant capturé le ligand présenté par la matrice extracellulaire, il entraine le glissement du parasite vers l’avant. Cependant, la compréhension du couplage moléculaire entre la formation d’une adhésion et la production de force comme celle de la contribution du pole basal aux forces de mouvement restent incomplètes. Le projet de thèse a porté sur l’étude des singularités biomécaniques du tachyzoïte afin de caractériser (i) les ligands extracellulaires minimaux requis pour un glissement hélicoïdal, et (ii) la contribution structurelle et fonctionnelle de la protéine BCC7 localisée au pôle basal.Dans la première partie, nous avons combiné des micropatterns à haute résolution avec la vidéo-microscopie et la microscopie d'expansion, et mis en évidence qu'un seul site d'ancrage sur le substrat initié par l’apex du parasite et sur lequel ce dernier progresse représente une plateforme de transmission de force suffisante pour permettre un glissement hélicoïdal. Ensuite, nous avons développé une chimie de surface ajustable basée sur des PLL-PEG couplés à des plateformes de streptavidine/biotine, que nous avons contrôlées à l’aide de la technique de microbalance à cristal de quartz avec mesure de la dissipation. En criblant les ligands minimaux candidats des adhésines parasitaires requis pour le glissement, nous avons mis en évidence que la présentation de glycosaminoglycanes sulfatés sur le substrat suffit pour une interaction productive avec la surface du parasite. Nous avons également démontré que le flux membranaire antéropostérieur se produit en l'absence d'adhésion cellulaire, en tirant parti des surfaces contrôlées comme anti-adhésives. La deuxième partie de la thèse a combiné les approches de biochimie et de protéomique quantitative par spectrométrie de masse avec les microscopies dynamique et à super-résolution pour positionner BCC7 à l’extrémité de complexe de membrane interne (IMC) de la pellicule et le moteur myosine C, strictement associé au pôle basal des tachyzoïtes matures. Ces approches ont également permis de suivre le trafic antéro-postérieur de la protéine sous forme de patchs avant que le matériel maternel ne soit recyclé au sein des cellules filles naissantes. De plus, treize partenaires de BCC7 ont été identifiés, dont plusieurs font partie de la famille IMC. Deux nouvelles protéines IMC, IMC35 et IMC36, ont également été décrites ainsi que leur profil d’expression différentielle au cours du cycle cellulaire. En conclusion, ce doctorat a permis de développer une nouvelle boîte à outils biophysique d’intérêt pour étudier les mécanismes moléculaires des interfaces cellule-cellule ou cellule-surface, y compris au-delà du parasite T. gondii. Chez le parasite, il devrait permettre d’affiner le modèle mécanistique de la mobilité par glissement.