Thèse soutenue

Estimation des effets de site particuliers à partir du bruit sismique ambiant mesuré sur un réseau dense de capteurs

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Auteur / Autrice : Loïc Gisselbrecht
Direction : Pierre BouéBérénice Froment
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l’Environnement
Date : Soutenance le 05/12/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Helle Anette Pedersen
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Cornou, Thomas Lecocq
Rapporteurs / Rapporteuses : Sébastien Chevrot, Luis Fabián Bonilla

Mots clés

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Résumé

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De nombreux travaux ont montré l’impact des couches géologiques superficielles sur le mouvement du sol lors d’un séisme. La modification du mouvement incident par ces couches est nommée « effet de site ». Certaines configurations géologiques sont propices à des effets de site significatifs pouvant mener à une augmentation de l’amplitude du mouvement sismique en surface et à l’allongement de sa durée. Il est donc important de prendre en compte ce phénomène dans l’évaluation de l’aléa sismique, comme le stipule la Règle Fondamentale de Sûreté RFS 2001-01 pour les installations nucléaires.L’IRSN mène des études pour améliorer l’estimation des effets de site via des approches empiriques et numériques. Ces approches nécessitent de nombreux enregistrements de séismes. En zone de sismicité faible à modérée, comme en France métropolitaine, le temps de retour des séismes modérés à forts est long, et donc limitant. Emerge alors l’intérêt du bruit sismique. Le bruit sismique correspond aux faibles vibrations de la surface de la Terre. Généré par des activités naturelles ou anthropiques, il a pour caractéristique d’être permanent. Ainsi, il constitue une source de données exploitable, même en région de faible sismicité.Cette thèse vise à étudier, par approches empiriques, le potentiel du bruit sismique dans la caractérisation des effets de site. Elle exploite le bruit sismique enregistré sur un réseau de 400 capteurs nodes déployé dans la vallée du Tricastin (paléovallée du Rhône) dans le cadre du projet DARE (Dense ARray for seismic site effect Estimation, 2020-2023). Cette vallée est propice à générer des effets de site importants et complexes. Les objectifs sont : - (1) d’étudier le potentiel du bruit sismique et l’apport d’un réseau dense de capteurs dans l’estimation des effets de site - (2) d’estimer l’amplification associée à la vallée du Tricastin en cas de séisme à partir du bruit sismique - (3) de proposer de nouvelles méthodes d’estimation de l’amplification.L’amplification associée à la vallée a d’abord été estimée à travers le SSRn et le SSRh (méthode hybride combinant données de bruit et de séismes, Perron et al. 2018). Les résultats ont été comparés à des mesures SSR. L'amplification estimée à basse fréquence (f < 1 Hz) est cohérente avec la structure de la vallée. L'estimation de l'amplification à haute fréquence (f > 1 Hz) est plus critique en raison de l'influence des sources anthropiques locales de bruit sismique (zone fortement industrialisée). Le SSRh, qui utilise un capteur de référence au site, fournit tout de même un facteur d’amplification comparable au SSR jusqu’à 4 Hz.Pour limiter l'influence des sources locales, un algorithme de clustering a été utilisé afin de sélectionner les données les moins impactées. L'estimation aux capteurs impactés par des sources transitoires a ainsi été améliorée, mais pas dans les zones impactées par des sources permanentes. Ces résultats démontrent la difficulté d’implémenter une méthode se basant uniquement sur l’amplitude du bruit sismique en zone fortement industrialisée. Nous avons dès lors travaillé sur l’estimation de l’amplification à partir des déconvolutions calculées entre les paires de capteurs. L’idée est que l’information de phase que contient la déconvolution peut aider à filtrer le champ de bruit et ainsi limiter l’impact des sources locales, notamment des sources permanentes. Les déconvolutions ont été calculées en utilisant 7 sources virtuelles distribuées autour de la zone. En traitant les signaux monochromatiques et en sélectionnant la partie des déconvolutions la moins impactée (sélection temporelle), nous montrons qu’il est possible d’atténuer l’impact des sources permanentes jusqu’à quelques Hertz. Les résultats permettent de discuter les avantages et limitations des différentes approches et d’ouvrir des perspectives sur des travaux futurs pour améliorer l’étude des effets de site à partir du bruit sismique dans les zones industrialisées.