Performances environnementale et économique de mini-réseaux solaires pour l'électrification rurale en Afrique et évaluation de politiques publiques pour réduire leur empreinte carbone
Auteur / Autrice : | Théo Chamarande |
Direction : | Benoît Hingray, Sandrine Mathy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la Terre et de l’Environnement |
Date : | Soutenance le 18/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des géosciences de l'environnement (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Delphine Riu |
Examinateurs / Examinatrices : Wim Thiery, Daniel Yamegueu Nguewo, Tuan Tran-Quoc | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anna Creti-Bettoni, Marco Borga |
Mots clés
Résumé
Garantir un accès universel à une énergie fiable, durable et à un coût abordable d'ici 2030 demanderait d’électrifier 600 millions de personnes en Afrique subsaharienne. Dans les zones rurales, les mini-réseaux (MR) basés sur une production d’électricité décentralisée (solaire, diesel, hydroélectrique, etc.) et isolés du réseau national constituent une des pistes les plus intéressantes pour atteindre cet objectif à faibles coûts, et on dénombre plusieurs milliers de projets de MR déjà réalisés ou à l’étude sur le continent Africain. En outre, cette électrification doit être compatible avec les trajectoires mondiales de neutralité carbone d’ici quelques décennies pour respecter l’Accord de Paris en limitant le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Cette thèse évalue le potentiel des MR hybrides, basés sur du solaire PV, des batteries et un groupe électrogène diesel pour électrifier des zones rurales en Afrique tout en satisfaisant ces deux contraintes : un faible coût de l'électricité et de faibles émissions de gaz à effet de serre.Dans un premier chapitre, nous évaluons le coût actualisé de l’énergie (CAE) minimum que l’on peut atteindre avec des MR 100% solaire. Pour cela, nous simulons le fonctionnement de MR fictifs sur l’ensemble du continent Africain à partir de données météorologiques (rayonnement, température) et de profils de demande électrique idéalisés. Nous montrons alors la forte sensibilité des configurations (capacité PV, capacité de batteries) qui minimisent le CAE aux caractéristiques de la ressource solaire et de sa co-variabilité temporelle avec la demande électrique.Même si ces MR 100% solaire n’utilisent pas d’énergies fossiles, leur empreinte carbone (EC) n’est pas nulle. Les émissions indirectes de CO2 liés aux équipements solaires et aux batteries ne sont pas négligeables et dans le deuxième chapitre, nous quantifions leur EC qui s’élève à environ 200gCO2/kWh. De plus, les coûts associés à ces systèmes sont bien plus élevés que ceux obtenus avec des MR hybrides utilisant du diesel. Nos résultats montrent en effet qu’inclure un générateur diesel dans la production d’énergie permet de réduire d’environ 30% les coûts de production de l’électricité, en contrepartie d’un doublement de l’empreinte carbone. Ainsi, il n’est actuellement pas possible de minimiser à la fois les coûts et les émissions des MR, mais l’on peut identifier certaines configurations qui offrent des compromis intéressants entre ces deux objectifs.En pratique, la minimisation des coûts est priorisée par les développeurs de MR par rapport à la minimisation des émissions. Nous proposons, dans un troisième chapitre, d’évaluer différentes politiques publiques possibles (subventions, taxes) pour réduire l’EC de l’optimum économique. Nous évaluons en particulier leur efficacité en estimant la valeur économique d’une tonne de CO2 évitée. A travers les exemples du Kenya, du Sénégal, du Nigéria et de Madagascar, nous montrons qu’il est important de prendre en compte l’hétérogénéité de la ressource solaire et des contextes économiques dans la manière de définir les objectifs de réduction d’EC et les moyens d’y parvenir.Dans le dernier chapitre, nous menons une analyse qualitative pour mieux comprendre le cadre institutionnel dans lequel sont développés les MR en nous basant sur des documents, des entretiens et des observations collectées lors de la thèse, principalement au cours d’un terrain au Kenya. Cette étude permet d’observer comment les modes de financement et de régulation contraignent le dimensionnement des MR et d’identifier les potentiels obstacles à la mise en œuvre de politiques publiques de réduction de leur EC.Finalement, nous concluons que les MR peuvent être une solution pour électrifier à un coût abordable avec de faibles émissions de GES, mais pour cela, de nombreux efforts restent encore à faire pour financer ces infrastructures, assurer leur pérennité et décarboner les chaines de production de leurs composants.