Thèse soutenue

Pédogénèse et structures spatiale et fonctionnelle des communautés végétales dans les éboulis froids alpins

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Auteur / Autrice : Simon Meynier
Direction : Grégory Loucougaray
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Modèles, méthodes et algorithmes en biologie, santé et environnement
Date : Soutenance le 10/02/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Ecosystèmes et sociétés en montagne (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Philippe Schoeneich
Examinateurs / Examinatrices : Grégory Loucougaray, Blaise Touzard
Rapporteur / Rapporteuse : Jérôme Poulenard, Cendrine Mony

Résumé

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Les éboulis froids sont des formations poreuses que l'on retrouve, dans les Alpes, jusqu'au bas de l'étage montagnard. Régis par un système complexe de ventilation interne réversible dépendant de la température atmosphérique, ils sont caractérisés par une forte anomalie négative de température du sol, tandis que la température atmosphérique reste identique aux milieux environnement à seulement 2m du sol. Ce contexte abiotique très particulier provoque l’apparition d’îlots écologiques dits abyssaux, c’est à dire anormalement bas en altitude et/ou latitude, dans les zones constamment refroidies par le système de ventilation. Dans ces îlots abyssaux, un cortège floristique boréo-arctique, des arbres atteints de nanisme, et des sols à fortes accumulations de matières organiques contrastent fortement avec la pessière ou la hêtraie-sapinière de l'étage montagnard ou subalpin environnant. Certaines espèces à large amplitude écologique issues des milieux adjacents parviennent par ailleurs à coexister avec les espèces spécialisées dans les conditions froides fournies par les éboulis froids. Ces formations singulières constituent ainsi un modèle d'étude adapté pour étudier, plus particulièrement dans le cadre du réchauffement climatique, les effets de la température du sol sur les processus écologiques des écosystèmes froids.L'objectif général de ce travail est (i) d'améliorer les rares connaissances existantes sur les spécificités écologiques des éboulis froids, et (ii) d'étudier, dans le cadre du réchauffement climatique, les effets du froid du sol sur la pédogénèse, et, à l'échelle des formes de vie, sur la structure spatiale des communautés végétales ainsi que les stratégies et compromis fonctionnels des plantes présentes dans les îlots abyssaux.Globalement, ce travail souligne le fait que le contexte environnemental propre à chaque éboulis - roche-mère, exposition, climat atmosphérique, pool local d'espèces, microtopographie - influence grandement le sol et la composition taxonomique des communautés végétales, résultant en une forte variabilité de ces caractéristiques parmi les éboulis froids étudiés. Pourtant, le froid du sol, commun à chaque site, est le facteur prédominant dans le fonctionnement de l'écosystème abyssal. Ainsi, la structure spatiale et les compromis fonctionnels entre au sein des différentes formes de vie présentent de nombreuses caractéristiques communes entre les éboulis froids, indépendamment du sol ou de leur composition taxonomique. Les résultats obtenus dans le cadre de cette thèse mettent également en exergue l'intérêt que présente le modèle biologique des éboulis froids pour étudier les communautés mixtes des milieux boréo-arctiques, dans le contexte d'invasion des milieux froids par des espèces plus thermophiles en raison du réchauffement climatique.Enfin, ce travail permet de mettre en valeur le rôle de micro-refuge écologique que peuvent jouer les éboulis froids. Si la plupart des sites aujourd'hui connus risquent de voir leur système de ventilation stoppé en raison du réchauffement climatique, de nouveaux écosystèmes abyssaux sont susceptibles de se former à plus haute altitude à moyen terme, en lien avec la remontée des étages de végétation, permettant à de nombreuses espèces spécialistes des milieux froids de s'y réfugier.