Thèse soutenue

Une exploration des risques systémiques émergeant de l'interaction entre l'énergie, la finance et l'économie

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Auteur / Autrice : Louis Delannoy
Direction : Emmanuel PradosPierre-Yves Longaretti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mathématiques appliquées
Date : Soutenance le 14/09/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mathématiques, sciences et technologies de l'information, informatique (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut national de recherche en informatique et en automatique (France). Centre de recherche de l'université Grenoble Alpes
Equipe de recherche : Equipe-projet Soutenabilité, territoires, environnement, économie et politique (Montbonnot, Isère ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Ponsot
Examinateurs / Examinatrices : Victor Court, Olivier Vidal, Sandrine Mathy
Rapporteurs / Rapporteuses : Paul E. Brockway, Ugo Bardi

Résumé

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Cette thèse s'inscrit dans le domaine naissant de la macroéconomie écologique pour explorer les risques systémiques mondiaux émergeant de l'interaction entre l'énergie, la finance et l'économie dans un contexte d'intensification des changements socio-écologiques.L'introduction explique comment les risques systémiques sont devenus une caractéristique interne au fonctionnement des économies modernes en raison de l'interaction étroite entre les systèmes énergie-finance-économie, de l'instabilité chronique du capitalisme financier et de l'utilisation immodérée de combustibles fossiles. Après avoir conceptualisé la macroéconomie écologique d'un point de vue historique, et ses apports dans le cadre actuel, on examine les modèles et les questions de recherche découlant de leurs limites, ainsi que l'approche conçue pour y répondre.Le chapitre 1 présente cinq études caractérisant les processus biophysiques des économies modernes, c'est-à-dire la collecte d'énergie nette, l'utilisation de matériaux et le rejet de déchets. Le premier article analyse dans quelle mesure l'approvisionnement en énergie nette des produits pétroliers est affecté par l'utilisation de sources d'énergie de moindre qualité, entre 1950 et 2050. Le deuxième article traite de la même question de recherche et avec une approche similaire, mais pour le gaz fossile. Le troisième article s'appuie sur des tableaux d'entrées-sorties pour calculer l'énergie nécessaire à la production de la consommation finale des ménages et des gouvernements, en tenant compte de l'énergie incorporée dans l'ensemble des chaînes de valeur, pour 49 régions et 2017. Le quatrième article présente un modèle dynamique de comptabilisation des infrastructures mondiales liées à la production de combustibles fossiles, des besoins en énergie et matériaux, ainsi que des émissions de CO2 associés, pour chaque segment de la chaîne d'approvisionnement de 1950 à 2050. Le cinquième article introduit une nouvelle interface de visualisation web en libre accès qui cartographie les émissions de gaz à effet de serre, pour 49 régions de 1995 à 2019.S'appuyant sur les méthodes précédemment développées, le chapitre 2 présente deux études ayant trait à la modélisation des processus biophysiques dans les modèles macroéconomiques. Le premier article introduit un nouveau modèle macroéconomique écologique, stock-flux cohérent, nommé TEMPLE, conçu pour évaluer les conséquences économiques d'un scénario de transition énergétique mondiale compatible avec l'objectif de 1,5° C de l'accord de Paris. Nos résultats indiquent que réaliser cette transition génèrera des dynamiques similaires à celle d'une économie de guerre, avec une inflation et des taux d'investissements ou d'emploi élevés. Une autre conclusion importante est qu'un ralentissement du taux de croissance de l'économie réduit l'inflation et facilite donc la transition. La deuxième étude est un article commentaire fédérant une fraction importante de la communauté d'analyse énergétique nette. À travers l'explicitation du consensus émergent, l'article identifie les domaines d'investigation pour la communauté, discute des conséquences de l'énergie nette dans le contexte de la transition énergétique, et souligne les problèmes liés au fait de ne pas en tenir compte. Il présente en ce sens une évaluation critique de la manière dont l'énergie industrielle du secteur de la production énergétique est prise en compte et dont les interactions entre l'énergie et l'économie sont modélisées dans les modèles d'évaluation intégrée (IAM). Enfin, il suggère des pistes pratiques pour y remédier, en soulignant la nécessité d'intégrer une perspective de macroéconomie écologique et d'encourager les efforts de collaboration entre nos différentes communautés de recherche.La conclusion résume le travail effectué au cours de la thèse et appelle à un changement de paradigme pour la modélisation économique ainsi qu'à l'appréciation du champ de la post-croissance.