Thèse soutenue

Le Système de Glasgow : le placement en institution des 'filles perdues' entre 1851 et 1901.

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Auteur / Autrice : Fanette Pradon
Direction : Véronique Molinari
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes anglophones
Date : Soutenance le 01/12/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des langues et cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (Grenoble, Isère, France ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Duclos
Examinateurs / Examinatrices : Marion Amblard, Pierre Alexandre Beylier
Rapporteur / Rapporteuse : Neil Davie, Michel Prum

Résumé

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À Glasgow, entre 1851 et 1901, des milliers d'adolescentes ont été marginalisées, appréhendées, puis internées de force dans des institutions totalitaires pour leur non-respect des codes victoriens de la féminité et de la sexualité. Prostituées, mendiantes, délinquantes, adolescentes rebelles, filles-mères, jeunes femmes violées ou encore simples d'esprit, ces jeunes femmes furent assimilées, sans distinction aucune, à des prostituées et désignées comme « filles perdues ». L'objectif de cette étude a été de confronter, dans leur évolution, les perceptions de la féminité, de la jeunesse et de la pauvreté, par les hommes politiques et par la presse, par les hommes religieux et par les scientifiques, par les classes dirigeantes et par les classes populaires, afin de déterminer les raisons réelles de la mise en place de ce grand enfermement, nommé le Système de Glasgow. Il apparaît en effet que ce nouveau système de contrôle social émergea dans une société industrielle marquée par de profondes mutations socio-économiques, qui plongèrent une partie de la population dans la misère sociale et remodelèrent les rapports de classe et de genre. Jugées complices et responsables de l'immoralité des hommes, considérées comme vectrices de la ruine et de la maladie, les « filles perdues » apparaissaient comme une menace, l'esquisse d'un déclin sociétal, qu'il fallait à tout prix contrôler. Or, l'amélioration progressive des conditions de vie au sein des taudis de Glasgow, l'évolution législative relative à la protection de l'enfance et à l'éducation publique, ainsi que les discours dissonants des défenseurs du Système de Glasgow ne pouvaient que contribuer à l'effondrement inévitable d'un système qui se voulait coercitif et somme toute inadapté. Non pas qu'il n'y eût plus de « filles perdues » à l'aube du XXe siècle, mais la marche vers la modernité avait entraîné dans son sillage une nouvelle façon d'appréhender l'enfance, la puberté, la sexualité, remodelant ainsi le concept de déviance féminine et posant les bases nécessaires à la conceptualisation, en 1904, de la notion d'adolescence.