Le régionalisme différencié et l’agenda mondial de la Chine : UE, ASEAN, Mercosur entre résilience at autonomie stratégique
Auteur / Autrice : | Cécile Pelaudeix |
Direction : | Sabine Saurugger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 06/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : Franck Petiteville |
Examinateurs / Examinatrices : John Erik Fossum, Brigitte Weiffen | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphanie Balme, Christian Lequesne |
Mots clés
Résumé
Cette recherche compare les réponses de trois organisations différenciées, l'UE, l'ASEAN et le Mercosur, au regard de leurs mérites spécifiques en matière de résilience et d'autonomie stratégique face à l'influence chinoise dans les politiques commerciales et de sécurité. Elle teste trois hypothèses complémentaires pour expliquer quels facteurs permettent aux organisations régionales (OR) de renforcer leur résilience et leur autonomie stratégique. Si le renforcement de la différenciation institutionnelle constitue une option, d'autres options consistent à établir des partenariats externes.La différenciation verticale n'est utilisée que par l'UE et 75% de ses instruments régionaux sont supranationaux, une proportion qui montre l'intérêt du supranationalisme dans une situation de stress externe. Cependant dans le cas des IDE, un règlement paradoxalement très souple nuit à son efficacité. La différenciation interne est rarement utilisée par les trois ORs. L'UE l’utilise avec efficacité dans le cadre de PESCO. Les instruments de différenciation interne de l'ASEAN et du Mercosur se révèlent indispensables mais insuffisants. La différenciation externe n'est utilisée que par l'UE. L'étude montre que la vulnérabilité ne provient pas de la différenciation mais d'un faible niveau d'intégration.La résilience ou l'autonomie stratégique peuvent également être recherchées par la coopération extérieure. Cela concerne 60 % des instruments de l'UE. La position de l'ASEAN et de l'Amérique latine à l'égard de la Russie constitue une contrainte importante pour la résilience de l'UE. L'ASEAN est très dépendante de la coopération extérieure (80 % de ses instruments). Toutefois, la stratégie de couverture est moins une stratégie qu'une option par défaut. L'ASEAN est l'OR qui a le plus haut degré d'alignement avec la Chine dans le secteur économique. En termes de sécurité, les États membres ne s'alignent pas tous sur la Chine et certains modifient leur position pour une coopération plus étroite avec les États-Unis. Le Mercosur est une OR dont les relations avec la Chine peuvent affecter son autonomie et sa résilience en raison d'investissements dans des secteurs stratégiques et d'une coopération de nature militaire. L'accord UE-Mercosur reste le plus pertinent pour maintenir une certaine autonomie face à la Chine.Trois modèles de régionalisme différencié émergent.(1) Premièrement, un régionalisme différencié, centralisé et en expansion, est illustré par l'UE. Il se caractérise par une stratégie d'équilibre qui accroît les instruments supranationaux, approfondit la différenciation extérieure et développe une coopération différenciée formelle et informelle. La Communauté politique européenne constitue une autre forme de différenciation (une ‘co-différenciation’). L'UE n'a pas renoncé aux conditionnalités et contrairement à la Chine, elle les rend transparentes.(2) Le régionalisme peu institutionnalisé et encerclé de l'ASEAN repose sur une stratégie de couverture et d'alignement et implique un degré élevé de dépendance à l'égard de la Chine et d’autres puissances. Sans une intégration plus poussée, le risque est d'être contrôlé par la Chine ou contourné par d'autres forums.(3) Un régionalisme limité fonctionnellement et géographiquement coexistant avec de multiples organisations régionales s'applique au Mercosur qui s'engage dans une stratégie de couverture mais n'a pas d'autonomie stratégique et approfondit son interdépendance avec la Chine. L'absence de politique de défense et de sécurité commune rend le Mercosur dépendant d'autres ORs qui pourraient être relancées comme l'Unasur.La différenciation, et la coopération extérieure présupposent une intégration solide. La Chine projette une puissance protéiforme et exerce un pouvoir de division au sein des ORs. Celles-ci peuvent se désintégrer ou devenir impuissantes, contournées en faveur d'autres mécanismes de coopération régionale plus efficaces ou moins exigeants.