Thèse soutenue

Histoire de la ganterie grenobloise, des entreprises et des acteurs : une mutation de la fabrique à l'industrie puis à l'artisanat de 1789 à nos jours

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Auteur / Autrice : Audrey Colonel
Direction : Anne Dalmasso
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 08/09/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Sabine Effosse
Examinateurs / Examinatrices : Florent Le Bot, Christophe Capuano, Xavier Vigna
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Joly, Béatrice Touchelay

Résumé

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La ganterie fait partie des industries inscrites à la fois dans des temporalités longues et dans des organisations territoriales fortes. Ce travail a pour objet l’étude de l’activité gantière à Grenoble de 1789 à nos jours. L’objectif est de comprendre les mutations qu’elle a subi dans le temps long et de retracer son histoire. Ce travail s'intéresse à la ganterie comme secteur d'activité, aux Maisons de ganterie comme entreprises et aux gantiers comme groupe social. Il permet de comprendre les dynamiques industrielles, organisationnelles, productives et commerciales qui ont permis le maintien de l’activité gantière sur plusieurs siècles, puis les mécanismes de repli stratégique du patronat lors de la phase de déclin du second après-guerre. Il s’agit en effet de montrer comment et pourquoi le milieu est capable de s’adapter ou pas à des périodes données et pourquoi ce secteur résiste dans la longue durée, puis disparaît ensuite. La présente étude s’inscrit pleinement dans des questions visant à réévaluer les composantes du processus d’industrialisation. En effet, l’histoire de la ganterie, telle qu’écrite jusqu’à présent, est centrée sur les techniques artisanales perçues comme archaïques. Peu traitées, leurs évolutions et la dimension commerciale du sujet sont des composantes permettant d’inscrire ces systèmes dans la modernité de l’époque, contre l’hypothèse d’une simple pérennité ou adaptation des systèmes anciens, au travers d’un cas d’industrie hors l’usine travaillant pour des marchés internationaux. Ce travail vise à comprendre comment une activité marquée par des formes d’organisation professionnelle et commerciale anciennes s’est adaptée aux changements qui marquent les sociétés tout au long de la période, ainsi qu’à l’évolution de la demande, de la consommation et des marchés sur deux siècles, avant de disparaître.Un autre enjeu de ce travail réside dans l’étude d’un cycle de crise que les gantiers grenoblois n’arrivent pas ou décident de ne pas surmonter, caractérisé par l’arrêt de l’activité dans le second après-guerre et par l’effacement progressif des catégories socioprofessionnelles liées à la ganterie. L’analyse du dernier cycle de l’activité gantière permet d’éclairer la compréhension des dynamiques de reconversions territoriales en termes de secteurs et de modèles d’organisation socioéconomique. Ce cas d’étude permet de mieux comprendre les stratégies patronales (individuelles et collectives) face aux crises et de mieux cerner les cycles industriels territoriaux en décortiquant les réactions des élites gantières face aux changements de conjonctures, du placement des capitaux aux processus de diversification et de reconversion opérés au cours du XXe siècle. Il s'agit aussi d'aborder la question de l'organisation interne au secteur lorsqu'il tend à disparaître en questionnant les nouvelles transformations à l’œuvre et le rôle joué par les élites patronales dans la disparition de l’activité. Ainsi, il convient de montrer quelle est la place de la ganterie dans les processus d’industrialisation de la région dauphinoise et en quoi cette activité a contribué au renouvellement de son tissu industriel.Enfin, la ganterie est aujourd’hui reconnue « métier d’art » en France et fait partie du patrimoine. Sauvegarde, protection, conservation, mise en valeur, mise en musée, etc. sont tout un panel de questions sous-jacentes abordées en lien avec le processus de patrimonialisation de la ganterie grenobloise et les mécanismes qui en découlent, en accordant une large place aux acteurs et aux questions de visibilisation et d’invisibilisation du passé territorial et du patrimoine lié.