Thèse soutenue

Une analyse économique de la gouvernance du foncier agri-alimentaire : des changements institutionnels aux perspectives d'avenir

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Auteur / Autrice : Grâce Kassis
Direction : Nathalie BertrandTina Rambonilaza
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 28/06/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Ecosystèmes et sociétés en montagne (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Catherine Baumont
Examinateurs / Examinatrices : Arnaud Buchs, Jean-Christophe Dissart, Jean-David Gerber
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Raynaud, Claude Napoleone

Résumé

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La relocalisation de l’approvisionnement alimentaire (RAA) a fait l’objet, au cours de la dernière décennie, d’un intérêt croissant tant dans les politiques publiques que dans la société. La disponibilité du foncier agricole comme l’allocation de ses usages constitue une des dimensions centrales de la mise en œuvre de la RAA. Ce n’est que récemment que les acteurs de la gouvernance foncière agricole se sont saisis de la question, interrogeant leur capacité à impulser une telle dynamique.Une littérature croissante s’est intéressée à la RAA, n’abordant pas ou très marginalement sa dimension foncière ; de nombreux travaux sur la gouvernance foncière agricole ont par ailleurs analysé la préservation des terres agricoles et le rapport entre la propriété et l’usage, sans s’intéresser explicitement à la question alimentaire. Cette thèse s’intéresse donc à cet angle mort de la littérature qu’est la gouvernance foncière visant la RAA (ou gouvernance du foncier agri-alimentaire). Elle s’attache, principalement par une approche en économie institutionnelle, à la compréhension des dynamiques à l’œuvre dans la gouvernance foncière pour favoriser la RAA. Elle examine ensuite des trajectoires potentielles de cette gouvernance, en empruntant à l’économie de l’environnement. Trois axes d’analyse sont ainsi développés sur la base d’un travail empirique ancré dans la Grande région Grenobloise.Les deux premiers axes s’inscrivent dans l’économie institutionnelle de l’École de Bloomington prônant l’importance des approches historiques, la centralité des règles et la multiplicité des niveaux d’analyse nécessaire pour la compréhension des dynamiques de gouvernance à l’œuvre.Le premier axe entend expliciter, à partir d’une approche diachronique, les changements institutionnels et organisationnels rythmant dans la durée la gouvernance, pour restituer l’incidence de l’avènement de la question alimentaire. Il ressort de cette analyse que des changements organisationnels importants en faveur de la RAA structurent la gouvernance foncière. Cependant, une inadéquation institutionnelle découlant d’un effet de persistance propre aux règles ne permet pas aux acteurs de cette gouvernance d’atteindre pleinement l’objectif visé.En réponse à cette inadéquation, des arrangements institutionnels reposant sur de l’action collective se développent favorisant une allocation du foncier à la RAA. Le deuxième axe de la thèse vise à décrypter leurs incidences sur la nature du foncier, ou ses degrés d’excluabilité et de rivalité. Démontrer l’évolution de la nature du foncier offre une perspective intéressante pour la gouvernance foncière, basée sur la possibilité de coexistence de diverses modalités de sa gestion qui s’affranchissent des catégories traditionnelles, notamment publique ou privée. Les résultats montrent que ces arrangements contribuent à diminuer les degrés d’excluabilité du foncier et font tendre sa nature vers celle d’une ressource commune, et ce en fonction de la distribution des droits fonciers et de la définition des règles encadrant cette distribution.L’analyse dynamique de la gouvernance foncière suppose également de concevoir des actions foncières qui pourraient y être menées dans le futur. Le troisième axe s’intéresse ainsi à l’élaboration de scénarios d’actions foncières dont la pertinence est évaluée par les populations habitantes, leurs premières destinatrices. Cet axe s’est appuyé sur une approche en termes de préférences mobilisant la méthode des expériences de choix. Les résultats révèlent l’existence d’un consentement à payer pour des actions foncières à visée alimentaire où l’intervention de l’acteur public serait centrale. Celles-ci pourraient guider les choix d’intervention future des acteurs de la gouvernance foncière agri-alimentaire.