Analyse multi-échelle des effets de la fatigue hydrique sur le comportement mécanique et les mécanismes d’endommagement de composites à renfort de chanvre
Auteur / Autrice : | Quentin Drouhet |
Direction : | Fabienne Touchard, Laurence Chocinski |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Mécanique des solides, des matériaux, des structures et des surfaces |
Date : | Soutenance le 11/12/2023 |
Etablissement(s) : | Chasseneuil-du-Poitou, Ecole nationale supérieure de mécanique et d'aérotechnique |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Sciences et ingénierie des matériaux, mécanique, énergétique (Poitiers ; 2018-2022) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pprime / PPRIME |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Amandine Celino, Sébastien Joannès, Benoit Vieille |
Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Bois, Bruno Fayolle |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les composites à renfort synthétique, tel que le verre, présentent un bilan carbone trop élevé pour répondre aux alertes des derniers rapports du GIEC. Des solutions existent pour réduire cette empreinte carbone, notamment en remplaçant les renforts de verre par des renforts végétaux et en utilisant des résines bio-sourcées et/ou recyclables. Cependant, le caractère fortement hydrophile des fibres végétales est à prendre en compte pour des applications soumises aux conditions extérieures (variations de température et d’humidité). Dans le cadre de cette étude, les effets de la fatigue hydrique sur le comportement de composites à renfort tissé de chanvre ont été analysés. Trois résines différentes ont été utilisées : deux polymères thermodurcissables, Epolam et Greenpoxy, ce dernier étant partiellement bio-sourcé, et un polymère thermoplastique, l’Elium, qui est recyclable. De plus, à des fins comparatives, des composites verre/Epolam ont été fabriqués. Deux orientations de tissu ont été considérées : 0°/90° et ±45°.Tout d’abord, une étude sur des éprouvettes non vieillies de polymères, de fils de chanvre seuls et de composites monofilamentaires a été menée pour caractériser les propriétés initiales des constituants et le comportement de l’interface fil/matrice. Une éprouvette de fragmentation en chanvre/Epolam chargée de fines particules d’alumine a été fabriquée pour pouvoir suivre les champs de déformation volumiques par corrélation d’images numériques 3D basée sur des scans microtomographiques enregistrés à différents niveaux de déformation. Pour déterminer les paramètres des cycles de fatigue hydrique, différentes températures d’immersion ont ensuite été testées et les propriétés mécaniques des composites tissés saturés en eau ont été comparées. Les cycles de fatigue hydrique choisis sont finalement constitués d’une phase d’immersion dans l’eau à 60°C durant douze jours suivie d’un séchage en étuve à 40°C pendant deux jours. Jusqu’à trente cycles de fatigue hydrique ont été réalisés, représentant 420 jours de vieillissement. Durant ce vieillissement, le comportement à l’absorption de l’ensemble des composites a été analysé. Il a été montré qu’une loi de Fick 1D pouvait s’appliquer. Après différents nombres de cycles de fatigue hydrique, des essais de traction à chargements répétés progressifs ont été effectués. Il a ainsi été observé, pour les composites à renfort de chanvre, une forte dégradation des propriétés mécaniques au cours de la fatigue hydrique, dès le premier cycle, suivie par une stabilisation. À l’opposé, les composites verre/Epolam ont montré une dégradation continue et progressive de leurs propriétés avec le nombre de cycles de fatigue hydrique. Un suivi par émission acoustique a été opéré pendant les essais et des microtomographies ont été enregistrées avant et après essai, permettant une analyse quantitative des endommagements. Les résultats ont montré la forte influence du choix de la résine sur le comportement en fatigue hydrique. D’autre part, une rigidification significative en fin d’essai de traction des échantillons vieillis a été mise en évidence, et ce, malgré le développement de nombreux endommagements (décohésions interfaciales et fissurations matricielles). Pour les composites ±45°, un calcul analytique basé sur la théorie des stratifiés a montré le rôle dans cette rigidification de la réorientation des renforts dans la direction de traction. Pour les composites 0°/90°, un essai de traction in situ sous microtomographe a été effectué sur une éprouvette de chanvre/Elium ayant subi 15 cycles de fatigue hydrique. La combinaison de cet essai avec un calcul par éléments finis a mis en évidence l’effet du redressement des fils de chaîne sur la rigidification observée. Au final, des scénarios d’endommagement ont été proposés pour décrire le comportement mécanique des biocomposites après vieillissement par fatigue hydrique.