Vers du génie-civil situé : le cas de la construction en terre crue

Toward situated civil engineering : the case of earth construction

• Auteur / Autrice : Antoine Peltier
• Direction : Jean-Claude Morel, Rabia Charef
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Genie civil
• Date : Soutenance le 27/10/2023
• Etablissement(s) : Vaulx-en-Velin, École nationale des travaux publics de l’État
• Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique (Villeurbanne ; 2011-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de tribologie et dynamique des systèmes (Écully, Rhône ; 1970-)
• Jury : Président / Présidente : Pablo Jensen
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Antonin Fabbri
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Christopher Beckett, Paulina Faria

Mots clés

Mots clés contrôlés

Construction en terre

Objectivité

Constructions, Théorie des

Mots clés libres

Construction en terre crue

Pisé

Étude de cas

Freins

Savoirs situés

Earth construction

Rammed earth

Case study

Barriers

Situated knowledges

Résumé

Dans le domaine de la construction en terre, les introductions dans la littérature commencent souvent par souligner des obstacles à l'utilisation de la terre dans la construction, obstacles qui seront ensuite abordés par leur question de recherche. Cependant, il est fréquent que ces obstacles ne soient pas scientifiquement justifiés (par exemple, en citant une référence). Cela révèle un manque de rigueur dans les introductions, mais peut également masquer un manque de situation, du point de vue de la théorie des savoirs situées. Si les obstacles mentionnés ne représentent pas une réalité scientifique, ils pourraient alors exprimer les valeurs des chercheurs sans les spécifier. En d'autres termes, ce serait des savoirs situés qui s’ignorent. Par conséquent, l'objectif de cette thèse est de réfléchir à l'utilité de la théorie des savoirs situées dans le domaine de la construction en terre, et plus largement en génie civil.Pour atteindre cet objectif, plusieurs questions de recherche ont été explorées, commençant par une question typique du génie civil : le développement d'une méthode de fabrication d'échantillons de pisé, basée sur une relation de similitude, permettant d'obtenir des résultats représentatifs du terrain. Ensuite, afin de réfléchir à la situation de ce premier savoir produit, la question de recherche "quels sont les obstacles et les leviers à l'utilisation de la terre dans la construction ?" a été étudiée. Une revue de la littérature a d'abord été réalisée, rassemblant tous les articles abordant cette question de recherche. Cette revue a souligné la diversité des obstacles cités, qui sont d'ordre technique, économique, organisationnel, politique et socio-culturel. L'analyse de la littérature a mis en évidence, dans ce contexte, l'utilité de la théorie des savoirs situés, en proposant un cadre conceptuel qui sera utile pour les futures recherches.Pour approfondir l'analyse, une étude de cas d'un immeuble de bureaux avec des façades porteuses en terre comprimée a été réalisée. Le cadre conceptuel a été adapté dans ce contexte, proposant ainsi une méthode de recherche qui pourrait être utilisée pour de futures études sur le sujet. Cette étude de cas a également permis de discuter des obstacles et des leviers identifiés dans la littérature, soulignant qu'ils ne s'appliquent pas toujours lors de leur analyse à l’échelle de la conception des bâtiments, et en tout cas, qu'ils ne sont pas insurmontables, sous certaines conditions, notamment la coopération entre différents acteurs.Enfin, l'étude de cas met en évidence la co-construction d'une méthode de conception basée sur des tests en laboratoire, au sein de laquelle s'inscrit la méthode de fabrication des échantillons développée. De plus, les rôles des différents acteurs, plaçant notamment les maçons au centre, au sein de cette méthode de conception, sont décrits. Cela permet de situer les connaissances correspondant à la méthode de fabrication des échantillons. Enfin, une autocritique de l'introduction de l'article publié correspondant est proposée. Ces différents éléments de discussion permettent de souligner l’intérêt que peu avoir la théorie des savoirs situés dans le domaine de la construction en terre crue.

In earth construction field, literature often start their introduction by pointing out barriers to the use of earth in construction that will be addressed then by their research question. However, it is frequent that these barriers are not scientifically justified (e.g. by citing a reference). This raise an issue of lack of rigour in introductions, but might also hide a lack of situating, from the perspective of situated knowledges theory. If the mentioned barriers do not represent a scientific reality, then they might express the values of the researchers without specifying them. In other words, they are situated knowledges that remains unaware of its situatedness. Therefore, the aim of this thesis is to reflect on the usefulness of situated knowledges theory in earth construction field, and more broadly in civil engineering. To achieve this, a combination of research questions has been explored, starting with a typical civil engineering one: the development of a method of manufacturing rammed earth specimens, based on a similitude relation, allowing for obtaining representative results from the on-site. Then, in order to reflect on the situatedness of this first knowledge produced, the research question of “what are the barriers and drivers to the use of earth in construction?” was investigated. A literature review was first conducted, gathering all the articles addressing this research question. This review highlighted the diversity of cited barriers, which are of technical, economic, organizational, political, and socio-cultural nature. The analysis of the literature highlighted the usefulness of situated knowledges theory, when investigating such issue, by proposing a conceptual framework that will be useful for future research. To further the analysis, a case study of an office building with load-bearing rammed earth facades was conducted. The conceptual framework was adapted in this context, thus proposing a research method that could be used for future studies on the subject. This case study also allowed for discussing the barriers and drivers identified in the literature, highlighting that they do not always apply, and in any case, they are not insurmountable, under some conditions, including cooperation of different stakeholders, when analysing them at the scale of building design.Lastly, the case study highlights the co-construction of a design method based on laboratory’s testing, within which the method for manufacturing the developed specimens falls. Furthermore, the roles of different stakeholders, notably placing masons at the center, within this design method is described. This allows for situating the knowledge corresponding to the method for manufacturing specimens. Finally, a self-critique of the introduction of the corresponding published article is proposed. This provided elements for improvement in order to better situate our research in the field of earth construction. This development represents one of the main contributions to the science of this thesis.