La République comme technocratie religieuse au cours du premier XIXe siècle. Le savoir et le sacré des rangs du saint-simonisme au premier ministère de l'instruction publique et des cultes de la Deuxième République (Jean Reynaud, Hippolyte Carnot et Edouard Charton)
Auteur / Autrice : | Quentin Schwanck |
Direction : | Ludovic Frobert, Samuel Hayat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 26/09/2023 |
Etablissement(s) : | Lyon, École normale supérieure |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) |
Jury : | Président / Présidente : Juliette Grange |
Examinateurs / Examinatrices : Samuel Hayat, Juliette Grange, Frédéric Brahami, Michael Drolet, Michel Bellet, Chloé Gaboriaux | |
Rapporteur / Rapporteuse : Frédéric Brahami, Michael Drolet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il s’agit dans cette thèse de mettre en lumière la diffusion d’un ensemble de conceptions technocratiques issues du saint-simonisme dans le mouvement républicain français au cours du premier XIXe siècle. Dans cette optique, nous étudions l’itinéraire intellectuel et partisan du triumvirat constitué par Jean Reynaud, Hippolyte Carnot et Édouard Charton, dissidents saint-simoniens qui, en 1848, dirigent collégialement le premier Ministère de l’instruction publique et des cultes de la Deuxième République, et mettent en place la toute première « école d’administration » de l’histoire républicaine française.Nous étudions dans un premier temps la pensée de Saint-Simon lui-même, pour préciser comment elle peut, dans une certaine lecture, faire émerger les conditions de possibilité idéologique d’une pensée politique technocratique, qui se déploie véritablement au sein de la « Première Église saint-simonienne » où se rencontrent et se forment intellectuellement les membres du triumvirat. Ceux-ci réinvestissent ces thèmes technocratiques dans l’Encyclopédie nouvelle de Jean Reynaud (corpus qui aspire à constituer le manifeste idéologique du jeune parti républicain dès 1833) où les humains sont hiérarchisés, ontologiquement et politiquement, par rapport à leurs « capacités », et où science et religion sont appelés à converger au sommet de l’État. Usant du registre discursif qui caractérise la « religiosité quarante-huitarde » pour théoriser une pensée républicaine singulière, le triumvirat envisage de réformer la société par l’action d’une caste administrative non soumise à l’élection et légitimée par sa « capacité scientifique ». C’est ce projet, tout à la fois progressiste et paternaliste, qui est initié par la mise en place de la toute première École d’administration, laquelle ne cherche pas seulement à former des techniciens, mais surtout des « esprits universels » capables d’administrer l’ensemble des activités humaines dans le cadre d’une nouvelle Weltanschauung.