Thèse soutenue

Changement climatique, sécheresses et pollution de l'eau en Afrique subsaharienne

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Auteur / Autrice : Mélanie Gittard
Direction : Denis CogneauPhilippe Quirion
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 10/01/2023
Etablissement(s) : Marne-la-vallée, ENPC
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....) - Centre international de recherche sur l'environnement et le développement
Jury : Président / Présidente : Raja Chakir
Examinateurs / Examinatrices : Denis Cogneau, Philippe Quirion, Christelle Dumas, Eric Strobl, Liam Wren-Lewis
Rapporteurs / Rapporteuses : Christelle Dumas, Eric Strobl

Résumé

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Cette thèse se compose de trois études d'économétrie appliquée sur les conséquences de la répétition des sécheresses sur les stratégies de migration et la vulnérabilité agricole, ainsi que les effets de la dégradation des ressources en eau sur la santé en Afrique subsaharienne.Le premier chapitre étudie les effets des sécheresses sur la migration interne au Kenya de 1989 à 2009. Depuis 2000, le pays est touché par une augmentation de la fréquence des sécheresses, incitant les agriculteurs et éleveurs à migrer pour s’adapter. Combinant des recensements administratifs exhaustifs avec des données satellitaires sur les pluies quotidiennes, j'utilise une stratégie de différence en différence (DiD). Les résultats montrent que l’augmentation de l’occurrence des sécheresses induit une émigration, principalement en dehors des zones rurales à dominante pastorale. La contribution principale est l'analyse de l'hétérogénéité, qui montre que la forme de la migration diffère selon l’activité économique principale. La migration en dehors des zones pastorales présente peu d’hétérogénéité, suggérant une migration des ménages entiers. Les éleveurs semblent migrer vers des zones agricoles avec des pluies favorables, ce qui suggère une migration rurale-rurale de dernier recours. La migration en dehors des systèmes agricoles est dominée par les individus les plus éduqués et en âge de travailler, tandis que ceux non éduqués restent piégés dans les zones sèches, en lien avec une stratégie de diversification des revenus.Le deuxième chapitre étudie les effets de la pollution de l'eau induite par l’exploitation minière industrielle sur la mortalité infantile en Afrique. L’article utilise des données uniques sur les mines industrielles, grâce à un travail à la main sur les dates d’ouverture. Il combine des informations géocodées sur 2016 mines avec les données d’enquêtes auprès des ménages DHS de 1986 à 2018 pour 26 pays Africains. La stratégie de DiD appliquée consiste à exploiter la variation de la date d’ouverture des mines et la position topographique des villages DHS. La pollution de l’eau est examinée indirectement, les effets sur la santé en aval étant comparés à ceux en amont de la mine, avant et après ouverture. Les résultats montrent que vivre en aval d’une mine qui a ouvert augmente la mortalité à 24 mois de 25%. La mortalité à 12 mois augmente uniquement pour les enfants non exclusivement allaités ayant consommé de l’eau, ce qui corrobore le mécanisme de pollution de l'eau. L'hétérogénéité suggère que l'effet est lié aux mines à ciel ouvert, cohérent avec une extraction intensive, et aux mines détenues par des compagnies étrangères. L'effet n'est lié ni à un changement dans la fécondité des femmes, ni à l'amélioration des infrastructures publiques ou privées, ni à l’afflux de main-d'œuvre.Le troisième chapitre s’interroge sur le rôle que joue l’expérience dans l’adaptation des ménages face aux sécheresses au Nigeria. J’utilise des données satellitaires sur les pluies quotidiennes à fine résolution spatiale pour analyser les tendances à long terme et leur lien avec les sécheresses récentes. Dans les années 1980, les ménages ruraux ont été frappés par des sécheresses sévères et longues, alors forcés de s’adapter. Depuis, les précipitations deviennent moins fréquentes et plus intenses, augmentant la probabilité d'événements extrêmes dans les années récentes, comme les sécheresses de 2013 et 2015. Pour les données agricoles, j’utilise trois vagues de panel d’enquêtes auprès des ménages de 2010 à 2016. Grâce à une stratégie à doubles effets fixes, j'exploite la variation de l'exposition aux sécheresses récentes et montre que les sécheresses diminuent les rendements de 14% et la diversité alimentaire de 1%. Les effets sont atténués pour les individus en charge de la même parcelle lors des sécheresses intenses de 1980. Ceci suggère que l’expérience de long terme du changement climatique réduit la vulnérabilité aux sécheresses récentes