La fabrique des algorithmes : conception et impact au sein des organisations. Une sociologie des processus d'engagement et de désengagement en régime computationnel
Auteur / Autrice : | Jérémie Poiroux |
Direction : | Francis Chateauraynaud, Camille Roth |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 19/10/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Marc Bloch (Berlin) |
Jury : | Président / Présidente : Cécile Méadel |
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Méadel, Jean-Samuel Beuscart, Antoinette Rouvroy, Nicolas Benvegnu, Thierry Ménissier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Samuel Beuscart, Antoinette Rouvroy |
Mots clés
Résumé
Cette thèse propose de porter un regard pragmatique sur la ''mise en algorithme'' de la recommandation et de la décision au sein des organisations. Elle se situe à l’intersection des travaux qui s’intéressent à l’utilisation des technologies d’automatisation et d’évaluation dans les organisations et de ceux qui questionnent la volonté et l'opacité des algorithmes. Partant du principe que la première étape de la mise en algorithme est la ''mise en données'' (parfois massives) des activités de consommation et de décision, nous mobilisons le concept de ''gouvernementalité algorithmique'' afin d’étudier comment les acteurs de la conception et les utilisateurs des algorithmes y ont recours pour arriver à leurs fins. Pour cela, nous avons mené quatre enquêtes auprès d'une centaine d’acteurs (initiateurs, ingénieurs, designers et utilisateurs) d’algorithmes de recommandation et d'algorithmes organisationnels. Nous montrons notamment que les initiateurs mobilisent les algorithmes – conçus par les ingénieurs et les designers – non pas pour automatiser des actions, mais pour se désengager de toute prescription culturelle et décisionnelle. Mécaniquement, ce sont aux utilisateurs de faire des choix et de s’engager. Dans le cas de la recommandation, l’évaluation des algorithmes est orientée vers la consommation, tandis que pour l’aide à la décision, ce sont l'utilité et l'intelligibilité des résultats qui revêtent de l'importance. Cette conclusion suggère l'émergence du régime de la satisfaction, offrant ainsi un cadre optimal aux initiateurs pour harmoniser les objectifs liés à l'organisation et à l'utilisation.